Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien d’autres ; la dorure pleine de taches, la reliure qui devait être en chagrin et qui est en papier imitant le chagrin, des corrections indiquées par moi au crayon et qui n’ont pas été accomplies, témoignent qu’il a profité de mon absence pour ne pas faire son devoir, de plus, pour me voler. Je devais encore 20 fr., à peu près. Il était convenu que la reliure coûterait 8 fr. Total, 28 fr. Vous en payez 40. Il a sans doute oublié de vous dire que je lui avais déjà donné primitivement 11 ou 12 fr. d’acompte. Encore me devrait-il une diminution ou une indemnité pour sa coupable et honteuse besogne ; il est impossible d’admettre qu’une reliure qui, bien faite, doit être payée 8 fr., mal faite, soit payée 20 fr. Quant à cette nuée de fautes, c’est encore plus grave, et cela témoigne que, quand on n’a plus eu peur de moi, on s’est moqué de moi. Si vous avez du courage, quand vous passerez place de la Bourse, vous lui réclamerez 12 fr.

Il paraît que vous lisez mes lettres avec bien de la distraction. Vous craignez que je ne retourne à Paris, parce que je vous écris : Il me tarde déjà de m’en aller d’ici. Vous n’avez pas compris que le mot : ici, c’était l’Hôtel. Cela voulait dire : il me tarde de m’en aller d’un endroit où je dépense trois fois plus que je ne dois dépenser. Vous n’avez donc jamais voyagé ? Mon intention en arrivant ici était de louer, d’un côté, un tout petit appartement, et d’un autre côté, de louer des meubles. Puis, pendant longtemps, je n’avais plus à m’occuper que du compte courant des dépenses, sauf le prix mensuel