Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/249

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Je viens de chiper chez Michel La Raison d’État, Ferrari. Bien que la pétulance italienne, l’abondance d’improvisation amènent quelquefois un style lâché, bousculé, c’est généralement très beau. La préface surtout (il faut absolument que vous lisiez cela) est d’une certaine éloquence éthéréenne, fataliste, résignée, qui fait penser aux meilleurs morceaux de la plus pure beauté classique française. Le chapitre sur Machiavel, de qui cependant Ferrari se détache, est aussi très étonnant. En somme, c’est partout le génie qui pactise avec le Destin : Laisse-moi comprendre tes lois, et je te tiens quitte des vulgaires Jouissances de la vie, des vides consolations de l’erreur.

Je relis mes comptes, et je vous renvoie ce résumé qui servira à vérifier le vôtre. 10 Mai, 1.000. 1.000 ; chez Rousset, Hôtel de Dieppe, plus honnête que l’homme du quai Voltaire. — 400, rue des Beaux-Arts. — 20 Mai, 1.013. — 23 Mai, 820. Ainsi, nous commencerons par escompter un billet de vous chez Gélis, et puis un billet C ou D , à Alenron, pour subvenir aux 2.400 du 10 Mai.

Ainsi, il faut aller très vite pour Les Fleurs, au risque de jeter un livre en plein été. Je devrais partir tout de suite pour Honfleur. Je tiens à toucher d’abord un millier de francs. Je suis convaincu que ce 10 va venir. En mettant les choses au pire, je pars à la fin du mois, je sacrifie, s’il le faut, la préface et les trois morceaux commencés,