Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/250

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et cette mise en ordre qui vous préoccupe tant sera l’affaire d’une heure.

Il est évident que, demain ou après demain, nous aurons réponse du S .

Le Bracquemond m’inquiète.

Bien à vous.

Je vous recommande bien cette épreuve. Vous verrez pourquoi.


A MADAME SABATIER

4 Mars 1860.

Si je vous dis que j’ai des chagrins énormes, que jamais je n’ai connu pareil orage, que j’ai besoin de solitude, vous ne me croirez pas. Mais, si je vous dis que j’ai le nez rond, gros, et rouge comme une pomme, et que, dans ces cas-là, je ne vais même pas voir les hommes (à plus forte raison, les femmes), je suis sûr que vous me croirez.

La grande difficulté était levée. Car j’ai rencontré Feydeau, qui n’a pas lâché une si belle occasion d’entendre parler et de parler de lui. Par bonheur, prévoyant ce cas, je m’étais préparé dans le silence. J’ai rassemblé toute mon audace, et je lui ai dit : Votre ouvrage est sublime, etc, mais, etc… Il m’a bien fait voir qu’auprès de lui les mais sont mal reçus. Savez-vous bien, je parle sincèrement, qu’il m’embarrasse plus que Victor Hugo lui-même, et que je serais moins troublé pour dire à Hugo : Vous êtes bête, que pour dire à Feydeau : Vous n’êtes pas