Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/381

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

France était un pays absolument barbare, me voici contraint de reconnaître qu’il y a un pays plus barbare que la France.

Enfin, que je sois contraint de rester ici avec des dettes, ou que je me sauve à Honfleur, je finirai ce petit livre qui en somme m’a contraint à aiguiser mes gritfes. Je m’en servirai plus tard contre la France. C’est la première fois que je suis contraint d’écrire un livre, absolument humoristique, à la fois bouffon et sérieux, et où il me faut parler de tout. C’est ma séparation d’avec la bêtise moderne. On me comprendra peut-être, enfin.

Oui, j’ai besoin de retourner à Honfleur. J’ai besoin de ma mère^ de ma chambre, et de mes collections. D’ailleurs, ma mère m’écrit des lettres funèbres et s’abstient, avec une modération qui me fait mal, de me faire des reproches, comme si elle craignait d’abuser de son autorité dans ses dernières années, de peur de me laisser un souvenir amer. Cela serre le cœur. — Je finirai à Honfleur toute cette masse de choses inachevées, Le Spleen de Paris (interrompu depuis si longtemps), Pauvre Belgique ! et Mes Contemporains.

Vous devinez sans doute (ce n’est pas très difficile) la raison de ma répugnance à vous répondre et à accepter votre offre. Accepter, c’est diminuer encore votre confiance en moi, c’est vous montrer que je ne sais rien prévoir, rien combiner, rien amasser. De plus, puiser dans votre bourse, c’est puiser dans celle de ma mère, et cela me devient insupportable. — Enfin, je dois vous prévenir que