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530 CHARLES BAUDELAIRE

Et puis, quand je pense que dans ce chien de pays je n’ai trouvé que vol, mensonge, perles for- cées d’argent, et que, par surcvoîl^ la Belgique ne m’aura servi qu’àrendre toutes mes affaires à Paris plus difficiles, je suis pris d’une sorte de fureur.

Beaucoup de prudence, je vous en prie.

La vie me devient ici de plus en plus intoléra- ble. Je crois que les économies forcées que j’ai faites, pendant deux mois ou six semaines, ont exaspéré cette mégère. Même quand on ne paie pas ces gens-là, il faut dépenser chez eux. Un malade qui mange beaucoup est honoré.

Aprês-midL

M. Lécrivain sort de chez moi. Je lui ai lu votre lettre, et celle des Garnier. Lécrivain était aba- sourdi, tant l’affaire lui paraissait sûre. Il m’a fait recommencer la lecture et m’a dit : Ou est-ce que ce traité avec Lemer ? (Je n’ai jamais eu de traité avec Lemer.) — Ou est-ce que c’est que ce traité avec Hetzel ? (Je lui ai raconté alors l’affaire Het- zel.) Alors, il a conclu (en se souvenant que Lemer l’avait beaucoup consulté lui-même, Lécrivain, sur la valeur de cette affaire) que Lemer avait présenté l’affaire aux Garnier comme lui appartenant, mais en même temps de manière à les en dégoûter, vou- lant peut-être la faire lui-même et la revendre, ou simplement en dégoûter les autres.

La lettre que vous attribuez aux Garnier, et qui est de quelque commis, est en effet si bête et si