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LE CURÉ LABELLE

exaltant sa générosité et son zèle. Il répondit avec tant d’à propos, de tact et d’humilité, que l’affection de tous en fut augmentée. Le « parti d’huîtres » ou banquet du soir dut être donné au collège, parce que le presbytère, tout vaste qu’il fût, était insuffisant pour recevoir la foule d’amis et obligés qui venaient acclamer le Roi du Nord. Ce moment est le point culminant de sa popularité et de sa réputation.

On était sûr de recevoir dans son presbytère la plus large hospitalité. Journalistes, ingénieurs, hommes politiques, voyageurs étrangers, venaient sans crainte frapper à sa porte ; ils étaient toujours les bienvenus, et pouvaient traiter avec lui les sujets les plus relevés et les plus divers. Sceptique ou croyant, catholique ou partisan de l’hérésie, du moment que vous aimiez le Canada, vous étiez bien accueilli. C’est ainsi que l’on trouve parmi ses correspondants et ses auditeurs les noms des hommes les plus disparates : Rameau et Molinari, Claudio Jannet et Élisée Reclus, Onésime Reclus et Georges de Manche. L’un d’eux résumait ainsi ses impressions, de retour en Europe : « Trois choses m’ont frappé au Canada : la chute du Niagara, la foi du peuple et le curé Labelle. »

Dans la vie intime, le curé de Saint-Jérôme était vraiment une merveille de bonté franche et originale. On aimait surtout à l’aller voir quand il revenait de ses excursions à travers les forêts. Doué d’un appétit proportionné à sa sta-