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LE CURÉ LABELLE

venez ; avec ceci je n’ai plus peur de vous. » Avisant son secrétaire en larmes, il ajouta : « Toi, va trouver M. Mercier (premier ministre), tu lui diras que je meurs. Nous avons beaucoup fait ensemble pour le pays, mais assure-le que là-haut je travaillerai avec lui. »

Les médecins reconnurent que tout était perdu et le docteur Hamel lui annonça que la fin était proche. « Je le sais, répondit le malade, la science est impuissante contre la volonté de Dieu. Tout ce que je regrette est de quitter ma pauvre mère. » Et il pleura en évoquant ce souvenir. Le P. Turgeon, son confesseur, lui administra les sacrements, il conserva sa connaissance et sa tranquillité jusqu’à la fin et dit même peu avant de mourir : « C’est aujourd’hui l’Octave des saints Innocents ; on en recevra bien, j’espère, un de plus au paradis. » Il expira un peu avant trois heures du matin, n’ayant guère plus de cinquante-sept ans.

La maladie était annoncée seulement de la veille, et cette prompte mort fut un coup de foudre pour les villes de Québec et de Montréal, où le télégraphe l’annonçait le matin. Les funérailles devaient se faire à Saint-Jérôme, mais il y eut à Québec un office solennel où le cardinal-archevêque, Mgr  Taschereau, donna l’absoute.

On soupçonnait fort que le défunt ne laissait pas de quoi se faire enterrer. Il était si généreux pour les pauvres et les bonnes œuvres que les neuf dixièmes de son traitement de ministre,