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LE CURÉ LABELLE

Tout était à faire ou à créer, et encore cette paroisse fut-elle coupée en deux par un dédoublement administratif. De plus, elle était mixte, composée de catholiques et de protestants, et fort mêlée, à raison de sa position à la frontière des États-Unis. Il parvint pourtant à la faire ériger civilement, à l’organiser en corporation scolaire et municipale comme les anciennes paroisses ; cela, malgré les influences électorales qui dans ce pays de liberté amènent encore plus de tiraillements que dans le nôtre.

L’énergie et la prudence de M. Labelle triomphèrent de tous les obstacles, et dans l’espace de quatre ans « il lança » si bien cette paroisse qu’elle est devenue une des plus prospères de la province.

Ce succès rapidement obtenu attira l’attention de l’évêque de Montréal. Il y avait alors de grandes difficultés dans la paroisse de Lacolle. L’autorité diocésaine ayant fixé la place de la nouvelle église en dehors du village, mais au centre de la paroisse, les habitants ne voulaient pas se soumettre ; il y avait une espèce de schisme d’autant plus redoutable que les protestants s’étaient mis du côté de l’évêque et offraient même de l’aider à bâtir l’église. La question semblait insoluble ; l’ancien curé était parti de guerre lasse et le nouveau était presque mis au défi de réussir. « N’ayez pas peur, disaient les paroissiens de Saint-Antoine ; on nous prend notre curé pour le mettre dans votre pétrin, vous verrez que rien ne lui résistera. »