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LE CURÉ LABELLE

La prédiction s’accomplit. La bonté de caractère du curé, la persévérance et la diplomatie triomphèrent de tous les obstacles ; il sut ramener les catholiques à l’obéissance, résister à l’influence des protestants qui possédaient cependant une grande partie du territoire ; tous reconnurent son habileté, la justesse de ses vues et même de ses prétentions ; il fit de sa paroisse une des plus belles de la contrée et l’invasion des insurgés féniens, qui voulaient envahir le Canada (1867) en passant par sa paroisse pour s’emparer de Saint-John, donna la mesure de l’influence du curé sur ses paroissiens. Il réveilla si fort leurs sentiments patriotiques, leur démontra si bien la nécessité de repousser ces ennemis de la patrie, que les insurgés n’osèrent venir à Lacolle et prirent une autre voie. Le curé n’avait-il pas dit à ses ouailles : « Si les féniens entrent ici, je me mettrai à la tête d’une compagnie pour les repousser ? » Et les paroissiens avaient répondu : « Nous vous suivrons, capitaine ! »

L’évêque de Montréal, sachant gré à l’abbé Labelle des luttes qu’il soutenait depuis dix ans, voulut lui donner enfin une paroisse tranquille et bien organisée.

C’était Saint-Jérôme, bourgade située à dix lieues de Montréal sur la rivière du Nord qui descend en bouillonnant des monts Laurentides, à la lisière du désert et des immenses forêts où chassèrent jadis les Algonquins. Il y avait là une grande église, un beau presbytère, et deux mille