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LES LORTIE

de chez Tony, le samedi avant le procès, j’ai été trouver monsieur Bernard tout de suite ; on est retournés ensemble chez Tony, et on a réussi à savoir que le gars de qui venait le revolver, c’était un nommé Hector Vachon, un type de Montréal, qui venait à Saint-Albert de temps en temps. Ça fait que monsieur Bernard est parti pour Montréal tout de suite, pour essayer de le retrouver. Et moi, lundi, j’ai vu l’avocat de Marcel et je lui ai raconté toute l’histoire. Évidemment, il m’a dit qu’on ne se servirait pas de mon témoignage : qu’autant que possible, il valait mieux que ça ne se sache pas. Tu comprends bien, Ninette, que si cet imbécile de Sénécal n’était pas venu dire au juge qu’il reconnaissait Marcel, on n’aurait pas été, nous autres, lui raconter l’histoire de Vachon.

— Je sais tout ça, Bob. Monsieur Bernard m’a tout raconté ; mais tu comprends qu’au commencement, je croyais que tu avais voulu te venger de moi. D’ailleurs, je te remercie pour ce que tu as fait pour Marcel.

— Ben oui, Ninette, mais dis-moi donc pourquoi depuis mardi dernier que je t’appelle et que j’essaye de te voir, tu refuses tout le temps ? Pourquoi ?

— Tu as manqué de confiance en moi, Bob. Tu m’as traitée comme la dernière des dernières. Ça, quand bien même je voudrais essayer, je ne pourrais pas l’oublier.

— Ben oui, Ninette, mais tu dois comprendre ! J’étais en colère, je ne savais plus très bien ce que je disais !

— Non, Bob, je ne comprends pas. J’ai pourtant bien essayé de comprendre ; mais malgré ce que tu avais vu, ce que tu pouvais imaginer, si tu avais eu un peu d’estime pour moi, si tu m’avais aimée comme tu le prétendais, tu ne m’aurais pas