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LES LORTIE

moquer du monde, de ce qu’il pense et de ce qu’il dit : quelqu’un avec qui, si tu veux le savoir, je vais danser ce soir !

— Une femme ?

— Disons une jeune fille, veux-tu ?

— Mais qui ça, Marcel ?

— Fernande.

— Fernande Lecavalier ?

— Oui, Fernande Lecavalier ! Fernande qui, malgré que tout le monde me tourne le dos, malgré que tout le monde s’écarte de moi comme si j’avais la lèpre, malgré que tout le monde, ou à peu près, me traite de bandit, ne craint pas de se montrer en public avec moi, et se fiche absolument de ce que les gens peuvent dire !

— Elle est brave.

— Oui, Ninette, elle est brave. Et je ne vois pas du tout pourquoi je ne le serais pas autant qu’elle.

— Tu as raison, mille fois raison ! Dis à Fernande, puisque tu la verras avant moi, que je la félicite et que je la remercie du plus profond de mon cœur.

— Je peux l’embrasser pour toi, tu sais, si tu veux ?

— Mais certainement ! Embrasse-là pour moi, et bien fort !

— Sois tranquille, je n’y manquerai pas. Mais là, je t’en supplie, presse ma cravate, ma petite Ninette, presse ma cravate !