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tance de constater que les littératures antique et italienne avaient déjà donné aux Lyonnais instruits de cette époque le sentiment de la nature.

Après tant d’années de grande renommée, Symphorien Champier mourut presque oublié en 1537, au moment où florissait à Lyon une littérature toute différente de la sienne et dans laquelle nous ne voyons jamais apparaître son nom. El pourtant, ce nom est inséparable de la fondation de deux institutions lyonnaises qui ont exercé une influence capitale sur le développement de la civilisation et de l’esprit de la Renaissance à Lyon : le Collège de Médecine et l’École de la Trinité.

Le Collège de Médecine dont on ne sait pas exactement l’année de fondation, mais qui est probablement du commencement du siècle, n’était pas, à son origine, une école, une faculté au sens moderne du mot[1]. Ce n’était qu’une association des meilleurs médecins de la ville qui soumettaient chaque nouveau venu désireux d’exercer leur art, à un examen assez sévère. Ses certificats d’études et de mœurs reconnus suffisants et ses examens passés, il était obligé de pratiquer son art pendant quatre ans dans un bourg de la campagne lyonnaise avant de pouvoir l’exercer dans la ville. Parmi les médecins de Lyon il y eut plusieurs hommes universels, plusieurs humanistes. Nommons à côté de Symphorien Champier Lazare Meyssonnier, Michel de Nostre-dame, Jehan Canappe, Pierre Tolet[2], les deux Spon et — last not least — François Rabelais, qui n’aurait pas été soumis au règlement du Collège de Médecine en sa qualité de médecin déjà célèbre[3].

L’École de la Trinité était un établissement municipal, émancipé presque complètement de l’autorité ecclésiastique[4]. Une confrérie laïque de bourgeois lyonnais avait établi dans les granges du couvent de la Trinité une école plutôt modeste. En 1527, Champier et quelques-uns de ces concitoyens réussirent à soumettre cette école à l’administration de la ville qui lui donna une base assez solide pour que le nouveau collège suffit aux besoins de toute la jeunesse studieuse de Lyon. Le clergé se vit attaqué dans ses droits ; il ne fut point facile d’obtenir l’assentiment de l’ar-

  1. Plus tard on y fit aussi des cours. Jehan Canappe y enseigna la chirurgie en français.
  2. Ami de Rabelais, comme lui médecin à l’Hôtel Dieu. Traducteur de diverses dissertations médicales en langue vulgaire, cf. Breghot du Luth, Mélanges I, p. 180 et Revue des Études Rabelaisiennes II (1904) p. 70.
  3. D’autres médecins lyonnais fameux : cf. Montfalcon, Histoire monumentale de Lyon, t. II. p. 47.
  4. Rabanis, Notice historique sur le Collège de Lyon. — Demogeot, Notice sur le Collège de la Trinité dans : Lyon ancien et moderne. — Buisson, F. Sébastien Castellion. Thèse française. Paris 1893, t. i, p. 17 fl’.