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BRUNUS.

m’have fatto impeto l’invidia d’ignoranti, la presuntion di sophisti, da detrattion di malevoli, la murmuration di servitori, gli susurri di mercenarii, le contradittioni di domestici, le suspitioni di stupidi, gli scrupoli di riportatori, gli zeli d’hypocriti, gl’ odii di barbari, le furie di plebei, furori di populari, lamenti di ripercossi, e voci di castigati. Ove altro non mancava ch’ un discortese, pazzo, e malitioso sdegno feminile, di cui le false lachrime soglon esser più potenti, che quantosivogla tumide onde, e rigide tempeste di presuntioni, invidie, detrattioni, mormorii, tradimenti, ire, sdegne, odii, e furori. La même épître dédicatoire contient le précis des cinq dialogues dont l’ouvrage est composé. Le premier sert d’apologie à la Cena de le cineri : c’est le titre d’un ouvrage dont je parlerai ci-dessous. Le second traité du principe ou de la cause première, et fait voir comment la cause efficiente et la formelle se réunissent en un seul sujet, qui est l’âme de l’univers, et comment la cause formelle générale qui est unique diffère de la cause formelle particulière qui est infiniment multipliée. L’auteur déclare entre autres choses, que son système ôte la peur des enfers, qui empoisonne, dit-il, les plus doux plaisirs de la vie[1]. Il montre dans le troisième dialogue, que David de Dinant avait raison de considérer la matière comme une chose divine. Il soutient que la forme substantielle ne périt jamais, et que la matière et la forme ne différent que comme la puissance et l’acte : d’où il conclut que tout l’univers n’est qu’un être. Il montre dans le dialogue suivant, que la matière des corps n’est point différente de la matière des esprits. Et enfin, dans le cinquième dialogue, il conclut que l’être réellement existant est un, et infini, et immobile, et indivisible, senza differenza di tutto e parte, principio e principiato ; qu’une étendue infinie se réduit nécessairement à l’individu, comme le nombre infini se réduit à l’unité. Voilà une idée générale de ce qu’il expose plus en détail dans ses sommaires, et plus amplement dans ses dialogues ; d’où paraît que son hypothèse est au fond toute semblable au spinozisme. Notez qu’on trouve à la fin du premier dialogue une digression à la louange de la reine Élisabeth.

Voici un autre ouvrage qu’il dédia au même M. de Castelnau. Giordano Bruno Nolano, De l’infinito universo e mondi. Stampato in Venetia. Anno M.D.LXXXIIII, in-12. Il est composé de cinq dialogues, où il soutient par un très-grand nombre de raisons, que l’univers est infini, et qu’il y a une infinité de mondes. Il se déclare pour le sentiment de Copernic touchant la mobilité de la terre autour du soleil. J’ai vu aussi son Spaccio de la bestia trionfante, Proposto da Giove, effettuato dal conseglo, revelato da Mercurio, recitato da Sophia udito da Saulino, registrato dal Nolano. Diviso in tre dialoghi, subdivisi in tre parti..... Stampato in Parigi M.D.LXXXXIIII, in-12. Il le dédia au chevalier Philippe Sidnei, qui lui avait rendu en Angleterre plusieurs bons offices. C’est un traité de morale bizarrement digéré, car on y expose la nature des vices et des vertus sous l’emblème des constellations célestes, chassées du firmament pour faire place à de nouveaux astérismes qui représentent la vérité, la bonté, etc. Du Verdier Vau-Privas met entre les œuvres de notre Jordano, la Cena de le Cineri descritta in cinque Dialoghi, per quattro interlocutori con tre considerationi circa doi sogetti. Stampata nell’ anno 1580[2]. L’exemplaire que j’en ai vu est in-12, et porte qu’il fut imprimé l’an 1584. Ce livre fut dédié par l’auteur à M. de Castelnau unico refugio de le muse, pendant son ambassade d’Angleterre. La raison du titre est qu’on suppose que ce sont des entretiens tenus à table le premier jour de carême. On y soutient entre autres choses l’opinion de Copernic, et l’on ajoute qu’il y a une infinité de mondes semblables à celui-ci, et qu’ils sont tous des animaux intellectuels

  1. Spento a fatto il terror vano e puerile de la morte, si conosce una parte de la felicità che apporta la nostra contemplatione, secondo i fondamenti de la nostra philosophia : attero che lei toglie il fosco velo del pazzo sentimento circa l’Orco ed avaro Caronte, onde il più dolce de la nostra vita ne si rape eâ avelena.
  2. Du Verdier, Supplem. Biblioth. Gesner., pag. 33.