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DASSOUCI.

déjà une copie de son Ovide en belle humeur [a]. C’est ainsi qu’il intitula l’ouvrage où il traduisit en vers burlesques une partie des Métamorphoses d’Ovide. Il demeura trois mois à Lyon parmi les jeux, la comédie et les festins [b], fort caressé de Molière, et des Béjars [c], après quoi il alla à Avignon avec Molière [d], et puis à Pézénas, où se tenaient les états de Languedoc [e]. Il fut nourri par ces comédiens tout un hiver [f], et il reçut des présens considérables du prince de Conti, de M. de Guilleragues, et de plusieurs personnes de cette cour [g]. Il avait perdu l’un de ses pages de musique ; et, comme il se trouvait tout porté dans la province de France qui produit les plus belles voix aussi-bien que les plus beaux fruits, il ne voulut point s’en retourner en Piémont avant que de faire une tentative pour remplir la place vacante. Il suivit Molière jusques à Narbonne [h]. Il fut ensuite à Montpellier, et y courut risque de la vie. Cet accident est devenu fort fameux par la relation du voyage de MM. de Bachaumont et la Chapelle (D)[* 1]. J’en parlerai dans les remarques. Il séjourna encore trois mois à Montpellier depuis qu’il eut été mis hors de prison [i], et y composa une relation de cette tragicomique aventure ; mais il ne la fit pas imprimer, encore que M. le juge Mage qui l’avait vue le lui eût permis [j]. Il parcourut ensuite plusieurs villes de Provence ; il fut saluer à Monaco le prince de Morgues qui lui donna trente pistoles : il passa le col de Tende, etc. [k]. Étant arrivé à Turin, il eut quelque peine à réfuter par sa présence la fausse nouvelle de son supplice, que l’on avait lue dans la gazette burlesque. Il employa tous les soins imaginables pour se procurer un établissement fixe dans cette cour-là [l], et il suppose qu’il en serait venu à bout, s’il ne se fût pas amusé à faire des vers, et s’il ne se fût point borné à faire sa cour aux principales divinités, et s’il n’eût pas donné de la jalousie aux musiciens du pays [m]. Il prétend que la beauté de ses poésies l’exposa à l’indignation d’un poëte d’Auvergne qui faisait de l’entendu à Turin, et qui affecta de le critiquer, et de le persécuter [n]. Il ajoute qu’ayant négligé les favoris, parce qu’il crut fort imprudemment qu’il suffisait de s’attacher à leurs altesses royales (E), il s’exposa aux mauvais offices de plusieurs personnes ; et cela lui fit grand tort. Il s’aperçut que l’on se refroidissait envers lui, et le pis fut qu’ayant demandé

  1. * Leclerc observe que l’ami de Bachaumont s’appelait Chapelle, et non la Chapelle.
  1. D’Assouci, tom. I, pag. 296.
  2. Là même.
  3. C’étaient des comédiens associés à Molière.
  4. D’Assouci, tom. I, pag. 309.
  5. Là même, pag. 315.
  6. même, pag. 316.
  7. Là même, pag. 318.
  8. Là même, pag. 319.
  9. D’Assouci, Aventures, tom. II, pag. 164.
  10. Là même, pag. 163.
  11. D’Assouci, Aventures d’Italie, p. 74
  12. Voyez la remarque (E).
  13. D’Assouci, Aventures d’Italie, pag. 330 et suiv.
  14. Là même, pag. 183.