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DAVID.

premier la roulette [1]. Le principal ouvrage à quoi notre Dati s’appliqua fut celui della Pittura antica. Il en publia un essai ou un morceau, l’an 1667. Je le citerai ci-dessous [2]. L’éloge que Chimentelli a donné à cet écrivain est le seul que je copie parmi plusieurs autres allégués par M. Leti. Nec secùs inter rarissimos numerandus, qui librum utendum permisit clarissimus et amicissimus D. Carolus Datus nostræ flos illibatus urbis, suadæque Etruscæ medulla, quam omni literarum paratu quotidiè auget, atque illustrat. Parùm enim mereri putat, qui per se tam egregiè meretur, nisi ad benè merendum de republicâ literariâ alios quoque omni ope, et consilio adjuvet. Nihil ut minus suum habeat, quàm quod in usum et gloriam eruditionis impendi possit ; penè ipsum se sibi subtrahens, nedum temporis, aut operæ parcus [3].

  1. Monconys. Voyages, IIe. partie, pag. 483 à l’ann. 1664.
  2. Dans la remarque (L) de l’article Zeuxis.
  3. Chimentellius, de Honore Bisellii, pag. 86, apud Leti, Italia regnante, tom. III, pag. 373.

DAVID [* 1], roi des Juifs, a été un des plus grands homme du monde, quand même on ne le considérerait pas comme un roi prophète, qui était selon le cœur de Dieu. La première fois que l’Écriture le fait paraître sur la scène [a], c’est pour nous apprendre que Samuel le désigna roi, et fit la cérémonie du sacre. David n’était alors qu’un simple berger. Il était le plus jeune des huit fils d’Isaï Bethléémite (A). Après cela, l’Écriture nous apprend qu’il fut envoyé au roi Saül [b], pour lui faire passer les accès de sa frénésie, au son des instrumens de musique (B). Un service de cette importance le fit tellement aimer de Saül, que ce prince le retint dans sa maison, et le fit son écuyer [c]. L’Écriture dit ensuite [d] que David s’en retournait de temps en temps chez son père pour avoir soin des troupeaux ; et qu’un jour son père l’envoya au camp de Saül avec quelques provisions, qu’il destinait à trois de ses fils qui portaient les armes. David, en exécutant cet ordre, ouït le défi qu’un Philistin nommé Goliath, fier de sa force et de sa taille gigantesque, venait faire tous les jours aux Israélites, sans que personne parmi eux osât l’accepter. Il témoigna bonne envie de s’aller battre contre ce géant ; et là-dessus il fut amené au roi, et l’assura qu’il triompherait de ce Philistin. Saül lui donna ses armes ; mais comme David s’en

  1. * « C’est ici, dit Joly, l’article qui a le plus scandalisé.... Je n’examinerai qu’un ou deux endroits, et je renverrai pour le reste aux auteurs qui ont réfuté cet article. » Les ouvrages auxquels il renvoie, sont : l’Examen du Pyrronisme de Bayle, par Crousaz, et l’Apologie de David, 1737, in-12. Mais Bayle a été extrêmement réservé en comparaison de l’écrivain anglais à qui l’on doit : The man after God’s own heart, 1761, in-12, dont il existe une traduction française, attribuée au baron d’Holbach, et intitulée : David, ou Histoire de l’Homme selon le cœur de Dieu, 1768, petit in-8o. Voltaire a peut-être encore plus maltraité David dans son drame burlesque intitulé Saül. — La version, donnée ici de l’article David, est celle de 1702. J’ai eu l’attention de noter les moindres additions faites par Bayle. Quant aux suppressions de plusieurs passages, qu’on lisait dans l’édition de 1697, on les trouvera à la suite, page 408, sous le titre de Variantes de l’article David. Par cette disposition, chacun pourra, dans ses lectures, rétablir ou suivre l’une ou l’autre version ; et d’un coup d’œil on verra les morceaux qui attirèrent des désagrémens à Bayle ; lorsque ce n’est que des fragmens, ils seront imprimés en italique ; mais il m’a paru inutile d’employer ce caractère lorsque la suppression portait sur des remarques entières.
  1. Ier. livre de Samuel, chap. XVI, vers. 13.
  2. Là même, vers. 20.
  3. C’est-à-dire qu’il portait les armes de Saül. Là même, vers. 21.
  4. Là même, chap. XVII, vers. 15.