Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
453
DÉMÉTRIUS.

qui se trouve dans un manuscrit de ces lettres (A). Delphinus mourut le 15 de janvier 1525, et fut enterré à Muran, proche de Venise, dans le couvent [a] de Saint-Michel [b].

(A) On a retranché...... un endroit curieux qui se trouve dans un manuscrit de ces lettres. ] Le curieux et savant père Mabillon nous a fait savoir ce que c’est [1]. Le passage retranché était à la lettre XXXV du VIIe. livre, et contient ceci. Les habitans d’Arezzo avaient jeté dans un puits un lion [2] de pierre [* 1] qui était au haut de la grande église. On l’en tira quand les Français entrèrent dans cette ville, sous Charles VIII, et on le plaça au milieu de la grande rue, et tous les habitans d’Arezzo, qui passaient par-là, furent obligés à se mettre à genoux devant ce lion, et à demander pardon de leur révolte.

    scriptorum et monumentorum amplissima collectio ; et à la suite un discours de Delphinus à Léon X, et l’oraison funèbre de l’auteur.

  1. * Leclerc et Joly reprochent à Bayle de n’avoir pas rapporté les mots, insigne Florentinorum, qui indiquent que ce lion était les armes de Florence. Bayle le dit pourtant dans sa note (2).
  1. Il est de l’ordre de Camaldoli.
  2. Mabillon, Musæ Italic., tom. I, pag. 20.
  1. Mabillon, Musæ Italic., tom. I, pag. 179.
  2. C’étaient les armes de Florence.

DÉMÉTRIUS MAGNÈS, auteur grec, contemporain de Cicéron (A), avait fait des livres dont la perte fâche beaucoup ceux qui s’appliquent à connaître ou à composer la vie des anciens écrivains. Il avait fait un ouvrage touchant les auteurs et les villes qui portaient le même nom (B). Ce travail était utile et nécessaire, vu le grand nombre de poëtes et de philosophes, etc., qui s’appelaient les uns comme les autres. Plutarque, Diogène Laërce, Étienne de Byzance, Harpocration, etc., ont cité ce Démétrius. Le fait pour lequel Athénée l’a cité est bien remarquable ; c’est que Théotime, qui avait écrit contre Épicure, fut accusé par Zénon l’épicurien et condamné à la mort [a]. On trouve (C) dans Denys d’Halicarnasse un passage dont je parlerai.

  1. Athen., lib. XIII, pag. 611.

(A) Il était contemporain de Cicéron. ] Cela se prouve par ces paroles : Memini librum tibi afferri à Demetrio Magnete (ad te missum scio) περὶ ὁμονοίας. Eum mihi velim mittas. Vides quam caussam mediter [1]. Ce qui suit est une preuve beaucoup plus claire : Hæc igitur videbis, et, quod ad te ante scripsi, Demetrii Magnetis librum quem ad te misit de concordiâ, velim mihi mittas [2]. Vous voyez là que Démétrius avait envoyé son livre de la Concorde à Pomponius Atticus : il vivait donc en même temps que ce bon ami de Cicéron. Si Vossius s’était souvenu du second passage que j’ai cité, il n’aurait pas eu besoin des raisonnemens qu’il emploie [3] pour prouver que dans le premier passage il faut lire ὁμονοίας et non pas ὁμωνύμων. Le docte Maussac a prétendu qu’il fallait lire de cette dernière manière : Ego dico restituendum περὶ ὁμωνύμων, de hoc enim opere loqui voluit Cicero. De Concordiâ autem scripsisse Demetrium illum adhuc non legi [4]. Il ne se souvenait donc point d’avoir lu la lettre de Cicéron, où le même livre de Démétrius est intitulé de Concordiâ. Apprenons par cet exemple combien les critiques les plus habiles sont sujets à nous donner de très-fausses corrections. Henri Valois n’a point relevé cette faute de Maussac. Notons une faute de Jonsius : il a dit que Cicéron compte Démétrius Magnès parmi ceux qui lui avaient enseigné la

  1. Cicero, ad Att.. epist. XI, lib. VIII, pag. 787, 788, edit. Grav.
  2. Idem, epist. XII ejusdem libri, pag. 799.
  3. Vossius, de Histor. græcis, lib. I, cap. XXIII, pag. 149, 150.
  4. Mauss. Notis ad Harpocrat. Voce Μεθώνη.