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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/495

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DES-BARREAUX.

maria jamais, et n’eut point de frère, mais seulement deux sœurs [a].

    tiré d’un mémoire qui vient de bon lieu, et dont je garde l’original.

  1. Voyez la remarque (A).

(A) Il était d’une famille très-noble. ] Il était fils de Jacques de Vallée, seigneur Des-Barreaux, qui est mort maître des requêtes et président au grand conseil, et petit-fils de Jacques de Vallée, chevalier, seigneur Des-Barreaux, de Châteauneuf et de Chenailles, contrôleur général des finances, homme si considéré sous le règne de Henri III, et au commencement du règne suivant, qu’il eut beaucoup de part dans les conseils, et que le roi tint souvent chez lui le conseil, et lui écrivit souvent de sa propre main pour des affaires importantes. M. Des-Barreaux, qui fait la matière de cet article, avait pour cousin issu de germain M. de l’Aubespine Châteauneuf, garde des sceaux ; et du côté de sa mère, il était cousin germain de la comtesse de Bouteville [1], et par conséquent oncle, à la mode de Bretagne, du maréchal de Luxembourg et de la duchesse de Mecklembourg. Marie de Vallée, sa sœur, aînée, n’a point laissé d’enfans de son mariage avec le président Viole. Élisabeth de Vallée, son autre sœur, fut mariée à M. du Boulai-Favier, maître des requêtes, qui a été intendant en Normandie. De ce mariage sortirent deux filles, dont l’une fut mariée à M. Talon [2], et l’autre au comte de Tilière et de Carouge.

(B) Il eut des liaisons avec Théophile. ] Il était fort beau garçon dans sa jeunesse, et l’on prétend que Théophile en fut amoureux, et quelquefois même jaloux. Ce poëte dit quelque part en parlant de lui : Valleus noster qui fuit olim meus. Il y a eu des gens qui ont voulu dire qu’il en avait abusé ; mais des personnes qui ont connu intimement M. Des-Barreaux assurent qu’il a eu toujours en horreur le péché contre nature, et que nec agens nec patiens voluit unquam inservire præposteræ libidini. Voyez la note [3].

(C) Son père le fit pourvoir d’une charge de conseiller au parlement… il n’a jamais voulu y rapporter aucun procès. ] Il disait que c’était une occupation sordide et indigne d’un homme d’esprit, de s’attacher à des papiers de chicane, et de les déchiffrer. Il se chargea une fois d’être rapporteur : le procès n’était pas de conséquence, et se voyant pressé par les parties, il les fit venir, et brûla le procès en leur présence, et paya de son argent ce qui était demandé [* 1].

(D)On verra, dans les remarques, ce qui l’obligea à se défaire de cette charge. ] Ce fut, dit-on, une amourette du cardinal de Richelieu pour la fameuse Marion de Lorme, coiffée de notre M. De-Barreaux. Je m’en vais vous alléguer mon auteur. « Le cardinal vit Marion de Lorme sans en être vu, et la trouva mille fois plus belle qu’il ne se l’était imaginé. Il voulut savoir si Cinq-Mars en était aimé, et il donna la commission à Bois-Robert de le découvrir. Cet abbé ne tarda guère de donner à son éminence l’éclaircissement qu’elle souhaitait ; et il lui apprit que, dans les complaisances que Marion de Lorme avait pour le favori du roi, la vanité y avait plus de part que l’amour, et que toute la tendresse de cette fille était pour Des-Barreaux, conseiller au parlement, jeune homme bien fait de sa personne, d’un esprit vif et d’une conversation enjouée, mais débauché et impie au dernier point. Le cardinal fit proposer à Des-Barreaux par Bois-Robert que s’il voulait lui céder sa maîtresse, et l’engager à répondre à sa bonne volonté, on aurait tant de reconnaissance pour ce sacrifice, qu’on ferait pour sa fortune tout ce

  1. * Joly dit que M. Legouz, dans son supplément (resté manuscrit) du Ménagiana, rapporte que la somme se montait de 4 à 500 livres.
  1. Mère du maréchal de Luxembourg. Elle est morte, non pas au mois de janvier 1695, comme les gazettes le publièrent, mais au mois d’août 1696, âgée de quatre-vingt-douze ans, dans la 69e. année de sa viduité. Voyez les Lettres Historiques du mois de septembre 1696, pag. 327, 328.
  2. Avocat général, et puis président à mortier, au parlement de Paris.
  3. Le recueil des Lettres de Théophile, publié par Mayret, en contient deux de françaises, et plusieurs latines de Théophile à Des-Barreaux, et une latine de celui-ci à Théophile.