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DONI.

tumultum Parisiensem solum patrium vertere coactus Lugduni Batavorum aliquanto tempore hæsit [1]. Or cela est faux : il fut depuis sa fuite professeur à Heidelberg, avant que de l’être dans la Hollande. Outre cela M. de Thou s’est trompé à l’âge de ce professeur : il lui donne autant de vie qu’à Cujas, c’est-à-dire soixante-huit ans [2] ; et néanmoins l’épitaphe de Doneau [3] témoigne qu’il mourut la soixante-quatrième année de sa vie. pridiè eid. maias, ce sont les paroles de M. de Thou [4], fatis concessit, eodem quo Cujacius ætatis anno, eo minore famâ, quòd illius famæ voce et scriptis obstrepere tota vita pro ludo habuerit. Voyez la XXIVe. lettre de Vossius, à la page 73. Je m’étonne que M. de Thou ait ignoré que le Zacharie Furnestérus dont il parle, est notre Doneau : c’est lui qui, sous ce faux nom, réfuta l’Apologie du massacre de Paris, envoyé à la diète de Pologne en 1572, par l’évêque de Valence. Contra eam defensionem biennio post contraria defensio edita est admodum virulenta à Gallo quodam in Germaniâ profugo, Zachariæ Furnesteri nomine, quæ cùm Monlucii nomen et pudorem admodum sugillaret, anno post Lugduni publicatur adversùs illum Furnesteri libellum pro Joanne Monlucio episcopo et Comite Valentino Diensi præscriptio elegantissimè scripta à Jacobo Cujacio J. C. hujus ætatis principe, nomine tamen suppresso [5] : M. Deckher [6] a bien su que Donellus était l’auteur de l’écrit du prétendu Furnestérus ; mais il s’est trompé en deux choses : 1o. en ce qu’il a dit que la réponse de Furnestérus fut publiée l’an mil cinq cent soixante et douze ; 2o. en ce qu’il dit qu’elle réfuta l’Apologie que Michel Seureus [* 1], chevalier de Malte, avait faite dans la diète générale de Pologne [7].

  1. (*) Michel de Sévre, chevalier de Malte et commandeur de l’ordre. Le journal du règne de Henri III, et les Mémoires de la reine Marguerite, parlent de lui sous le nom de chevalier de Sévre. Rem. crit.
  1. Thuan., lib. C, pag. 405.
  2. Idem, lib. XCIX, pag. 378.
  3. Apud Meursium, Athen. Bat., pag. 132.
  4. Lib. C, pag. 403.
  5. Thuan., Histor., lib. LIII, pag. 1092, col. 1.
  6. Deckherus, de Scriptis Adespotis, pag. 263.
  7. Sub eâdem Catharinâ infamis lanienæ Parisiensis defensor Michaël Sevreus, eques Hierosolymitanus, coram ordinibus regni Poloniæ fuit. Ibid.

DONI [* 1] (Antoine-François), a vécu au XVIe. siècle. Il était de Florence, et il publia beaucoup de livres italiens (A) qui le firent passer pour un bel esprit. Il fit paraître d’abord un caractère de médisance satirique, mais en cela il suivait moins son inclination que la complaisance pour les prières d’un de ses amis. Il laissa insérer dans ses ouvrages quelques lettres qu’il n’avait point composées, ce qui lui fit bien du tort ; car les auteurs de ces lettres se vantèrent peu après d’avoir composé tout ce qui avait paru sous le nom de Doni. Il remédia à ces avanies, en faisant une nouvelle édition de ses ouvrages sous une meilleure forme, et avec les bons conseils de l’académie des Peregrini. Il supprima les éloges qu’il avait donnés à des personnes indignes de cet honneur, et il loua d’autres gens qu’il avait blâmés à tort. Il mourut à Venise au mois de septembre 1574 [a]. Il s’y était établi vers la fin de l’an 1543, à l’âge d’environ trente-cinq ans [b]. Il fut de l’académie dont j’ai parlé : le surnom de Bizzarro qu’il y avait pris lui convenait

  1. * Ginguené a consacré, dans la Biographie universelle, un curieux article à Doni, qui, souvent réduit à vivre de ses messes, était très-empressé à dédier ses ouvrages aux gens riches dont il espérait de bonnes récompenses : S’il était trompé dans son attente, il ne rougissait pas d’adresser le même livre à un Mécène plus généreux.
  1. Tiré du Ghilini, Teatro d’Huomini letterati, parte I, pag. 20.
  2. Voyez la page 224 de ses Inferni.