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MOLSA.

go, caldamente al Molsa, e datemi avviso de la sanità sua, perch’a’ giorni passati n’havevo udite dispiacevoli nuove [1]. C’est Claudio Toloméi qui parle ainsi. Il avait écrit, le 11 décembre 1575, une lettre au même Trifon, dans laquelle il le priait de saluer Molsa [2], et de faire un sonnet ou une épigramme sur la mort d’une femme illustre [3] ; j’observe cela afin d’apprendre à mes lecteurs, en chemin faisant, que ce Trifon était poëte.

(D) Le Boccalini s’est bien diverti aux dépens du Molsa. ] Il introduit Christophe Colomb, Fernand Cortès, Magellan, Vasco de Gama, Améric Vespuce, etc., qui demandent à Apollon que vu la découverte d’un nouveau monde, dont on leur est redevable et dont ils étaient les utilités, leur mémoire soit consacrée à l’immortalité par des monumens proportionnés à leurs services. Le chancelier du Parnasse minutait déjà l’arrêt, lorsque le Molsa comparut pour s’opposer à leur requête. Il avait la tête toute pelée, le menton sans aucun poil, le nez pouri, le visage plein de croûtes et d’emplâtres. Voilà, s’écria-t-il en montrant ses plaies, voilà les bijoux et les beaux présens que ces messieurs nous ont apportés de leur nouveau monde : ils nous en ont apporté une maudite maladie, inconnue à nos ancêtres [4], contagieuse, honteuse [5], funeste à la génération ; un vilain mal de Naples dont vous voyez les effets sur mon visage, et dont tout mon corps est affecté. Là-dessus il se tourne vers Christophe Colomb, et commence à déboutonner son haut de chausses ; mais les Muses, qui craignirent qu’un objet trop malhonnête ne salît la pureté de leurs regards, lui firent faire défense de passer outre. Il s’arrêta ; mais il continua de parler avec tant de force, sur les grands inconvéniens que la découverte du Nouveau Monde avait apportés, qu’Apollon fit dire aux supplians, qu’ils eussent à se retirer au plus vite avec leur or et leur argent, et leur mal de Naples. Comparve Maria Molso, poeta di molto grido, ma per non haver nel capo, e nella barba pelo alcuno, fatto molto diforme, oltre che più mostruoso do rendeva l’esser senza il naso, pieno di gomme, e di croste, e di doglie, il quale col dito mostrando le sue piaghe, con alta voce, queste disse : (ô sire) che qui vedete nella mia faccia sono i nuovi Mondi, i nuovi riti, et i nuovi costumi de gl’ Indiani.… Con queste gioie, delle quali tutta mi videte bollata la faccia, et impiagata la persona, questi temerarii honno abbellito, ed arrichito il Mondo ; con queste croste, e con queste eterne e crudelissime doglie, ch’ho per tutta la vita, questi implaccabili nemici del genere humano, hanno corrotta la stessa humana generazione. Poi voltatosi il Molsa verso il Colombo cominciò a sciorsi le brache, quando le serenissime Muse, per non contaminare, con la vista di qualche cosa oscena, i purissimi occhi loro, a i lettori commendarano, ch’egli fosse impedito [6].

Il y a bien des gens qui, en comparant ce chapitre de Boccalin avec une scène des Précieuses de Molière, affirmeraient sans hésiter que notre comique a pillé l’auteur italien ; mais je n’ai garde ne d’en user ainsi. Molière n’avait besoin que de son génie pour imaginer cet incident ; mille et mille personnes moins ingénieuses que lui l’eussent inventé. Voici le fait. Jodelet et Mascarille racontent devant les deux précieuses leurs prétendus beaux exploits. Le premier s’exprime ainsi [7] : Il m’en doit bien souvenir ma foi : j’y fus blessé à la jambe d’un coup de grenade, dont je porte encore les marques. Tâtez un peu, de grâce, vous sentirez quel coup c’était-là. Cathos. Il est vrai que la cicatrice est grande. Mascarille. Donnez moi un peu votre main, et tâtez celui-ci : là. justement au derrière de la tête. Y

  1. Lettere di M. Clandio Tolomei, libro terzo, folio 114, édition de Venise, 1553.
  2. Ibidem, folio 93.
  3. È morto la Mancina esempio e idolo raro d’honestà et di bellezza.…. essendo ella morta per cagion di parto, dite, etc. Ibidem.
  4. Ignote a tutta la medecina, e a tutta la chirurgia passata. Boccalin, Ragguagli di Parnasso, cent. II, cap. XC, pag. m. 272.
  5. Appestare il genere humano di un morbo tanto contagioso, cosi crudele, e vergognoso, che gran disputa à tra i dotti s’egli piu deturpi il corpo, o sversogni la riputazione. Ibid., pag. 271.
  6. Ibid. pag. 271, 272.
  7. Dans la scène XI de la comédie des Précieuses ridicules.