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MONTGAILLARD.

faudra dire un mot de sa taille-douce (H). N’oublions pas que Juste Lipse loua beaucoup la piété et l’éloquence de ce moine [a].

(A) Il fut connu.... sous le nom de Petit Feuillant. ] Cela pourrait faire croire que sa taille était fort petite ; elle était néanmoins médiocre : mais on lui donna ce nom lorsqu’il commença d’être connu à Paris. Il était fort petit en ce temps-là : et quoiqu’il eût vingt ans, il n’avait pas fait encore toute sa crue [1]. Ce nom lui demeura, lors même qu’un âge plus avancé l’eut tiré du nombre des petits hommes. Voilà un éclaircissement qui n’est venu de la même main que le corps de cet article. J’en suis redevable au curieux et savant auteur des Notes sur la Confession de Sancy, et sur le Catholicon d’Espagne.

(B) Il était fils de Bertrand de Percin, seigneur de Montgaillard. ] Et d’Antoinette du Vallet, tous deux de noble et ancienne maison de la ville de Toulouse. La famille de Montgaillard subsiste encore avec éclat. Monseigneur l’évêque de Saint-Pons, si connu par ses écrits, et fort estimé des protestans, à cause qu’il désapprouva hautement la violence qu’on faisait à ceux de la religion pour les contraindre de communier [2], est de cette famille.

(C) Quelques dévotes, et..... la demoiselle Acarie, le choisirent pour leur unique directeur. ] Elle était femme du sieur Acarie, maître des comptes. Il fut appelé par ironie le laquais de la ligue, parce que, étant boiteux, il était un de ceux qui allaient et venaient et agissaient avec le plus d’empressement pour les intérêts du parti. C’est celui-là même qui fut mari de la bienheureuse Marie de l’Incarnation, des bons exemples de laquelle il profita mal [3]. L’auteur des nouvelles Notes sur le Catholicon m’a communiqué une remarque qu’il a faite. Puisque la femme de ce furieux ligueur, dit-il, était sous la direction du Petit Feuillant, elle n’avait garde de désapprouver la ligue : ce ne fut donc pas à cet égard que son mari profita mal de ses exemples. Pour mieux connaître cette femme, il faut lire ce qui suit : « Marie Alais [* 1], femme de cet homme, était une dévote [* 2] connue aujourd’hui sous le nom de la bienheureuse Marie de l’incarnation : étant veuve, elle se retira en la maison des béguines, appelée la chapelle Sainte-Avoye : qui est une maison de veuves, dont elle fut la supérieure [* 3] ; sa Vie est imprimée à Paris, chez Thierry [4]. »

(D) Il avait épousé avec trop de feu les intérêts de la ligue. ] L’auteur des Notes sur la Confession de Sancy m’a fait savoir que l’on dit fort peu de chose de cette partie de la vie du Petit Feuillant, dans le livre dont il m’a communiqué des extraits. Malheureuse loi du panégyrique, qui permet de supprimer les infamies de celui qu’on loue ! Mais on a beau les

  1. (*) Cet endroit, qui me regarde, a besoin d’être rectifié, du moins par un renvoi à ce qui se lit pag. 400 du Catholicon d’Espagne, éd. de 1699. La demoiselle Acarie et Marie Alais sont deux personnes très-différentes. Rem. Crit.
  2. (*) Maimbourg, Hist. de la Ligue, l. I.., en 1584
  3. (*) Bonfons Ant. de Paris, fol. 165, édition de 1605.

    cateur ordinaire du roi très-chrétien, abbé de l’abbaye royale de Saint-Arnould de Metz, de l’ordre de Saint-Benoît. Imprimé à Luxembourg, chez Hubert Reuland, 1629.

  1. Voyez la LXXIXe. lettre de la Centurie de Lipse ad Germanos et Gallus.
  1. Conférez ce qui est dit dans l’article Marets (Samuel des-) remarque (A), tom. X, pag. 246.
  2. Les deux lettres qu’il écrivit là-dessus, furent insérées dans la Lettre Pastorale de M. Jurieu du 1er. de mars 1688. Il les écrivit au comte d’Usson (frère de M. de Bonrepaux, ambassadeur de France en Danemarck et en Hollande) qui commandait les troupes en ces quartiers-là, et qui a été fait lieutenant général, l’an 1696. Vous trouverez l’une de ces lettres, avec plusieurs réflexions à la louange de la conduite de ce prélat, dans la préface d’un très-bon livre qui fut imprimé l’an 1689, et qui est intitulé : l’Impiété des Communions forcées. M. Lepage, que en est l’auteur, et qui avait été ministre de Dieppe, est mort ministre de l’église wallonne de Rotterdam, de 19 novembre 1791.
  3. Maimbourg, Histoire de la Ligue, livr. I, pag. 57. Il cite les Notes sur le Catholicon ; c’est-à-dire les notes de l’édition de 1677. Mais ces notes disent seulement qu’il fut appelé laquais par ironie, parce qu’il était boiteux. C’est une mauvaise raison. Ce que Maimbourg y supplée est plus vraisemblable ; mais il ne devait pas y laisser la qualité de boiteux, comme une partie de la raison pourquoi on le nomma laquais.
  4. Notes sur le Catholicon, pag. 478. Hollande, édit. de Hollande 1696.