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ZABARELLA.

Barthélemi. Il mourut à l’âge de quarante-six ans, le 12 d’août 1465 ; pendant l’ambassade dont Eugène IV avait honoré vers le roi d’Espagne et le roi de France. On assure qu’il était désigné cardinal[1].

  1. Tiré de Riccobon, in Descriptione Gymnasii Patavini, apud Freherum, in Theatro, pag. 19.

ZABARELLA (Jacques), l’un des plus grands philosophes du XVIe. siècle, naquit à Padoue le 5 de septembre 1533. Ayant appris la rhétorique et la langue grecque sous d’excellens professeurs [a], il s’appliqua à l’étude de la logique, et à celle des mathématiques, et il y fit de grands progrès. Il se plut extrêmement à l’astrologie, et s’amusa à dresser beaucoup d’horoscopes ; et l’on prétend qu’il fit plusieurs fois des prédictions véritables. Il acquit une connaissance profonde de la physique et de la morale d’Aristote, et ainsi l’on ne doit pas s’étonner que l’académie de Padoue l’ait mis au nombre de ses professeurs dès l’an 1564. Il y enseigna la logique pendant quinze années, et puis la philosophie jusques à sa mort. Il publia des Commentaires sur Aristote, qui firent connaître que son esprit était capable de débrouiller les grandes difficultés, et de comprendre les questions les plus obscures (A). Ayant été député assez souvent à Venise pour des affaires de conséquence, il harangua devant le sénat avec beaucoup de succès. Il n’accepta point les offres de Sigismond, roi de Pologne, qui le voulut attirer dans son royaume. Il mourut à Padoue au mois d’octobre 1589, et fut enterré dans l’église de Saint-Antoine, où son oraison funèbre fut prononcée par Riccobon. Il avait porté le titre de comte palatin (B). Il eut de son mariage avec Élisabeth Cavacia six fils et trois filles (C), et composa l’horoscope de chacun d’eux. Je ne sais point s’il y réussit, et si, par exemple, il devina que le sénat de Venise lui donnerait mille écus pour le mariage de la dernière de ses filles [b]. Les auteurs ne s’accordent pas à l’égard de certains faits qui le regardent, et qui ne devraient pas être une matière de dispute. Les uns disent qu’il était bel homme, les autres qu’il était laid (D) : les uns soutiennent qu’il avait l’esprit fort vif, fort prompt, fort présent ; les autres qu’il ne pouvait soudre les objections de ses disciples qu’aprés avoir demandé du temps pour y songer (E). On l’accuse avoir eu quelques sentimens impies (F), comme de n’avoir point cru l’immortalité de l’âme ; mais on le loue d’avoir vécu exemplairement [c]. Nous parlerons de l’ouvrage où il soutint que la preuve qu’il y a un Dieu, tirée de l’existence d’un premier moteur, n’est bonne que quand on suppose que le mouvement est éternel (G). Je dirai par occasion qu’il y a plus d’équivoques qu’on ne s’imagine dans la controverse (H) de l’éternité du monde.

  1. Jean Faséolus, et François Robortel,
  2. Tiré de Jacques-Philippe Tomasin, part. I Elogior., pag. 136 et seq.
  3. Quibus omnibus (filiis et filiabus)... facem prætulit incorruptæ gloriæ, et virtutis veræ, suo cunctis exemplo prælucens. Tomasin., part. I Elogior., pag. 138.