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AGUIRRE.

passus, tibi ista prædicem, aut tale quid mihi arrogare velim, vel concedi posse sperem, qui hactenus humano sanguine sacratus miles, semper ferè aulicus, tùm carnis vinculo charissimæ uxori alligatus, omnibusque instabilis fortunæ flatibus expositus, totusque à carne, à mundo, à domesticis curis transversum actus ; tam sublimia immortalium deorum dona non sum adsecutus : sed accipi me volo velut indicem, qui ipse semper præ foribus manens, aliis, quod iter ingrediendum sit, ostendo[1].

(X) Mutilée dans un endroit qui pouvait déplaire aux gens d’église. ] L’auteur déclame dans cet endroit-là contre la loi du célibat, et dit que peut-être ceux qui en sont les protecteurs, aiment mieux souffrir le concubinage que le mariage des prêtres, parce qu’ils retirent un gros revenu de la permission qu’ils leur donnent de tenir des concubines. Il ajoute qu’il a lu qu’un certain prélat se vanta à table d’avoir dans son diocèse onze mille prêtres concubinaires qui lui donnaient un écu chacun tous les ans. Voilà un passage qui ne paraît pas dans l’édition de Lyon. M. Crénius, qui a fait cette découverte, s’est bien plaint de cette supercherie. Voici ses paroles : Malâ fide, per Beringos fratres, Lugduni anno MDC in-8°., edita sunt Henrici Cornelii Agrippæ.... Opera ; utpotè in quâ multa omissa sunt editione, quæ in prioribus erant. Atque ne hoc gratis dixisse videar, capias exemplum è Tractatu de Incertitudine et Vanitate Scientiarum atque Artiùm, in cujus C. LXIV, pag. m. 189, de Lenoniâ, sequentia hæc, quæ ex optimâ, recognitâ, plenâ, et scholiis marginariis (retineo vocem in titulo libre positam) illustratâ editione, sine loci adjectione, anno MDXXXVI, in-8°., excusa, admodùm rara, daturus sum, in Lugdunensi planè dempta sunt. Jam verò etiam lenociniis militant leges atque canones, cùm in potentum favorem pro iniquis nuptiis pugnant, et justa matrimonia dirimunt : sacerdotesque sublatis honestis nuptiis turpiter scortari compellunt : raalueruntque illi legislatores sacerdotes suos cum infamiâ habere concubinas, quàm cum honestâ famâ uxores, fortè quia ex concubinis proventus illis est amplior. De quo legimus gloriatum in convivio quemdam episcopum, habere se undecim millia sacerdotum concubinariorum, qui in singulos annos illi aureum pendant. Hæc omnia, et alia fortè plura, neque enim integrum hactenùs contuli, pro more eraserunt adversarii, clarum relinquentes documentum illorum quid editionibus tribuendum sit[2].

  1. Agr. Epist. XIX libri V, p. 909, 910.
  2. Thomas Crenius, Animadvers, Philolog. Historic., part. II, pag. 13, 14.

AGUIRRE. La Bibliothéque des écrivains espagnols fournit cinq ou six auteurs qui ont ce nom-là. Le plus considérable de tous est, ce me semble, Michel de Aguirre, natif d’Aspeitia, au diocèse de Pampelonne, dans la province de Guipuscoa. C’était un jurisconsulte qui, pendant qu’il était membre du collége de Saint-Clément, à Bologne, écrivit pour les prétentions du roi d’Espagne Philippe II sur la couronne de Portugal (A). Il exerça la charge de juge en divers tribunaux du royaume de Naples, et puis il eut en Espagne la charge de conseiller au conseil de Grenade. Il mourut en 1588[a]. Ceux qui continueront l’ouvrage de don Nicolas Antonio auront un Aguirre infiniment plus célèbre à y placer. Je parle de Joseph Saenz de Aguirre[* 1], bénédictin, l’un des savans hommes du dix-septième siècle. Il était censeur et secrétaire du conseil suprême de l’inquisition en Espagne, premier interprète de l’É-

  1. * Ce Joseph Saenz d’Aguirre, né, dit Leclerc, à Logrogno, le 24 mars 1630, mourut le 19 août 1699. Nicéron lui a donné un fort bon article dans le tome III de ses Memoires. Chaufepié lui a aussi donné place dans son dictionnaire.
  1. Ex N. Antonii Bibliothecâ Scriptorum Hispaniæ, tom II, pag. 102.