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AGRIPPA.

criture dans l’université de Salamanque, et avait été plus d’une fois abbé du collége de Saint-Vincent, lorsqu’en 1685 il fut honoré du chapeau de cardinal par le pape Innocent XI. Il avait entrepris un très-grand ouvrage [a], et il n’a pas laissé de s’y appliquer tout de bon depuis son cardinalat. Ceux qui voudront s’en former une juste idée doivent lire le Prodrome qu’il publia à Salamanque, l’an 1686, ou, s’ils ne l’ont pas, les extraits qu’en donnèrent les journalistes (C). On l’a cru pendant quelque temps l’auteur d’un ouvrage fort docte contre les décisions du clergé de France de l’an 1682 (D) ; mais on a su enfin le contraire[b]. Les conjectures n’étaient pas sans apparence, vu l’attachement de ce cardinal aux doctrines des ultramontains, et l’ardeur qu’il a fait paraître pour éloigner l’accommodement de la cour de Rome avec la France, qui fut néanmoins conclu au mois d’octobre 1693. La dépense qu’il a faite pour l’impression de deux volumes de don Nicolas Antonio, son ancien ami, est fort louable. J’en parlerai dans l’article Antonio.

  1. L’édition de tous les conciles tenus en Espagne.
  2. Voyez la remarque (D).

(A) Il écrivit pour les prétentions du roi d’Espagne... sur la couronne de Portugal. ] Son livre fut imprimé à Venise, l’an 1581, sous ce titre : Responsum. pro successione regni Portugalliæ pro Philippo Hispaniarum Rege, adversus Bononiensium, Patavinorum et Perusinorum collegia. Besoldus l’a inséré dans son recueil de Conseils.

(B) Le Prodrome qu’il publia à Salamanque, en 1686. ] En voici le titre : Notitia conciliorum Hispaniæ atque novi Orbis, Epistolarum decretalium et aliorum Monumentorum sacræ antiquitatis ad ipsam spectantiun, magnâ ex parte hactenùs ineditorum, quorum editio paratur Salmanticæ cum Notis et Dissertationibus, sub auspiciis Catholici Monarchæ Caroli II : studio et vigiliis M. Fr. Josephi Saenz de Aguirre. Salmanticæ, apud Lucam Perez, Universitatis Typographum, 1686, in-8°.

Notez que ce cardinal n’a pas suivi en toutes choses dans l’exécution les idées de son projet. Ceux qui n’auront point les quatre tomes in-folio, qu’il a publiés à Rome, sous le titre de Collectio maxima Conciliorum omnium Hispaniæ et novi Orbis, etc., n’auront qu’à lire les extraits que les journalistes de Leipsick en donnent dans leurs Acta Eruditorum de l’an 1696.

(C) Les extraits qu’en donnèrent les journalistes. ] Messieurs de Leipsick en parlèrent dans leurs Acta du mois de février 1688. L’abbé de la Roque en donna un extrait dans son journal du 13 de janvier 1687. Je m’étonne que ce journal n’ait point paru dans les éditions de Hollande. L’article qui concerne l’ouvrage dont je parle ici est très-curieux : l’on y donne des avis fort adroitement à M. le cardinal de Aguirre, sur ce qu’il a déclaré qu’il voulait garantir pour bonnes plusieurs décrétales que tous les savans jugent supposées.

(D) On l’a cru l’auteur d’un ouvrage fort docte[1] contre les décisions du clergé de France de l’an 1682. ] En voici le titre : Tractatus de Libertatibus Ecclesiæ Gallicanæ, continens amplam discussionem Declarationis factæ ab Illustrissimis Archiepiscopis et Episcopis, Parisiis mandato regio congregatis, anno 1682 : Auctore M. C. S. Theolog. Doctore. Leodii, apud Matthiam Hovium, 1684, Superiorum permissu. J’ai lu une préface de l’Abbé Faydit[2], où, entre autres choses, il fait espérer la réfutation des principales maximes du Traité de Libertatibus Ecclesiæ Gallicanæ adversùs quatuor propositiones Cleri,

  1. Voyez ce qui en fut dit dans les Nouvelles de la République des Lettres, mois de juillet 1685, article I.
  2. Voyez l’extrait d’un sermon prêché le jour de saint Polycarpe à Saint-Jean en Grève, à Paris, imprimé à Liége, en 1689.