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ALTING.

votement, le 25 d’août 1644. C’était un homme de beaucoup de mérite. Les livres qu’il a composés (F) font foi de sa science et de son application au travail académique ; et on sait d’ailleurs qu’il se mêlait d’autres choses pour le service du prochain. Il allait voir tous les ans le roi de Bohème, et faisait la revue des études de la famille royale. Il travailla puissamment aux collectes qui furent faites dans tout le monde protestant pour les églises d’Allemagne, et principalement pour celles du Palatinat. Il fut l’un des trois économes des collectes d’Angleterre, et il présida aux aumônes de Louis de Geer. Je ne parle point de deux commissions importantes dont il fut chargé, dont l’une regarde la revue qui se fit à Leide de la nouvelle version flamande de l’Écriture, et l’autre regarde la visite de la comté de Steinfurt. Il eut des collègues dans la première ; mais il fut le seul inspecteur général dans la seconde, le comte de Bentheim l’ayant fait venir pour informer contre le socinianisme qui menaçait le pays, et pour mettre un bon ordre dans les églises. Alting, à ce que dit son Éloge, n’était point un théologien querelleux (G) : il ne s’amusait point à la vétille des faux scrupules ; il n’aimait point les nouveautés ; il était zélateur de l’ancienne traditive, ennemi des subtilités de l’école, et il ne voulait puiser que dans l’Écriture[a]. Toutes les personnes de sa profession devraient régler leur domestique comme le sien était réglé (H). On n’en parlait que pour dire en général que tout y était dans l’ordre : il ne fournissait point d’autre matière aux conversations. Il s’était marié à Heidelberg, l’an 1614, et avait eu sept enfans. Il y en eut trois qui lui survécurent, une fille et deux garçons. L’aîné a été professeur en droit à Deventer[b]. L’article suivant traite de l’autre.

  1. Theologiam probabat ac tuebatur solidam ac masculam, non ex lacunis scholasticorum, etsi illarum inexpertus non esset, sed ex fontibus Siloé et Scripturarum derivatam ; ut gloriæ sibi duceret se ab imperitis nonnullis ac nasutis Palæmonibus traduci tanquàm Theologum scripturarium et Biblicum. Vita Alting.
  2. Tiré de la Vie de Jacques Alting, parmi celles des professeurs de Groningue, imprimées in-folio, l’an 1654.

(A) Son père s’était signalé dans le saint ministère. ] Il s’appelait Menso Alting, et était petit-fils d’un autre Menso, qui avait été donné en otage au duc de Gueldre, par les états de Drente, l’an 1523. Un autre Menso Alting, bisaïeul de celui qui fut donné en otage, avait été conseiller de Reinold-le-Gras, duc de Gueldre, et s’était retiré au pays de Drente, l’an 1361[1]. Menso Alting, le ministre, fut le premier, qui, avec deux autres, prêcha la réformation dans le territoire de Groningue, environ l’an 1566, pendant les violences du duc d’Albe, sub ipsâ Albani ducis grassante tyrannide[2]. Il fut aussi le premier ministre qui prêcha dans la grande église de Groningue, après la réduction de la place au pouvoir des états-généraux, l’an 1594. Il servit fidèlement l’église d’Embden 38 ans, et s’opposa avec un courage ferme aux fureurs des anabaptistes, et aux machinations des ubiquitaires. Il mourut le 7 d’octobre 1612, le jour même que son fils et Abraham Scultet pensèrent périr sur le lac de Haerlem : Subitâ ac procellosâ coortâ tempestate, naufragio ac submersione

  1. Vita Jacobi Alting.
  2. J’avertis le lecteur que le duc d’Albe n’arriva dans le Pays-Bas qu’en 1567 : ainsi l’auteur de la Vie de Henri Alting n’a pas été ici assez exact.