Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/126

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Mais, s’il avait des avis cassants, ce n’était que sur un petit nombre de sujets, et lorsque sa personne, ses goûts, sa famille, paraissaient être en jeu. Sur beaucoup d’autres questions, et des plus graves, ou des plus hautes, on était surpris de le voir, au contraire, abandonner son avis à la première objection, adopter le sentiment opposé, et s’en faire un mérite, car il appelait cela sa large tolérance. Quelques-unes de ses relations, dans le monde politique, s’expliquaient et duraient grâce à cette facilité de compromission. On le sentait indifférent à l’essentiel, ombrageux et jaloux seulement dans les questions personnelles. Beaucoup d’esprits dominateurs sont ainsi, tyrans partiels, et, pour le reste, d’une faiblesse qui est due à l’absence de passion. M. Victor Limerel avait toujours refusé de se présenter à la députation. Il passait pour conservateur, on ne sait pourquoi, mais ceux qu’il nommait ses adversaires ne s’y trompaient pas, reconnaissant, dans les critiques qu’il leur adressait, l’humeur alarmée d’un homme riche plutôt que l’opposition d’une conscience. Sa femme avait, d’ailleurs, l’ordre formel de ne négliger aucune