Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/127

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relation, et elle observait la consigne, voyant et recevant tous ceux ou toutes celles qui pouvaient servir, de près ou de loin, — de très loin souvent, — l’une des deux ambitions de son mari : être promu officier de la Légion d’honneur, entrer dans le Conseil d’administration du Canal de Suez.

Mademoiselle Elsa Pommeau, fille de banquier, qu’il avait épousée toute jeune, lui avait apporté 45.000 livres de rente, de superbes cheveux, des épaules à l’abri du temps, et un sourire qui venait au commandement, toujours le même. Elle n’était pas nulle, surtout elle n’était pas mauvaise ; elle manquait presque entièrement de personnalité. Vingt années de visites, de dîners et soirées, l’avaient complètement farcie d’idées, d’admirations, de préjugés, de pudeurs, de formules, de goûts qui étaient ceux de son monde. Elle répétait des médisances, et elle était sans méchanceté ; elle dépensait beaucoup d’argent et de ruses mondaines pour garder un peu de fraîcheur, de brillant, d’entrain, pour compter dans l’arrière-garde des jolies femmes, et elle n’était pas coquette. Ses amies disaient : « La correcte