Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/209

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d’être venu dans cette ville, et, en lui-même, il argumentait contre plusieurs de ses camarades, soit de l’armée des Indes, soit de Londres, dont il entendait les propos, les sarcasmes contre Paris corrupteur. « Vous n’avez pas tout vu, disait-il ; il y a une autre vie dès cette vie, et ceux qui ne sont pas élus pour la voir jugent le monde incomplètement. » La joie de la jeunesse s’épanouissait dans sa poitrine, à chaque respiration, comme s’il avait bu l’air des montagnes ; l’excitation de la marche renouvelait son sang épaissi dans l’atmosphère des wagons et de l’église, là-bas. Il eut du regret, quand il abandonna les Champs-Élysées, au rond-point, et il suivit naturellement, dans l’avenue d’Antin, le trottoir de gauche. Alors il aperçut au troisième étage, de l’autre côté, les fenêtres éclairées d’un appartement. Il s’arrêta. Derrière l’une de ces fenêtres, veillait la jeune fille qu’il avait connue en Angleterre, la seule Française avec laquelle il eût longuement causé. N’était-elle pas quelque chose de plus pour lui ? Oui, elle était l’unique femme à laquelle, dans un jour d’angoisse, il avait confié un secret. Elle n’avait, d’ailleurs, jamais fait allusion, depuis, à cet