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Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/240

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— Oui, je veux que vous connaissiez le fond de mon cœur. Ne protestez pas ; je vous dis que je veux ! Il n’est peut-être pas aussi beau que le vôtre, mon cœur, aussi pur, aussi sublime ; il n’est sûrement pas aussi joyeux, mais il vous intéressera sans aucun doute. Vous saurez donc que j’ai songé toute la nuit à ce même problème de la foi qui vous préoccupe si fort, en apparence…

— Non, pas en apparence, en toute vérité.

— Eh bien ! pour moi, aucun espoir ne s’est levé, aucune force neuve ne m’a aidé.

— Le contraire de moi !

— Mes doutes se sont accrus ; j’ai refait ma route, avec une lucidité effrayante, à travers la vie, et je me suis trouvé beaucoup plus loin que je ne pensais de ma jeunesse pieuse.

— Je vous plains.

— Vous devriez vous réjouir.

— Comment le voudriez-vous ? Je vous vois souffrir.

— Peut-être, mais vous me voyez vaincu déjà. Vous pouvez croire que vous aurez l’avantage. Car nous sommes deux joueurs, n’est-ce pas ? Et si je perds, vous gagnez.