haut quand elle se promenait avec Marie. Leur intimité parfaite laissait à chacune la liberté des mots, des gestes, des jugements, par où s’affirmaient deux natures voisines, mais non semblables. Elles se comprenaient à merveille, et les silences ne les séparaient pas.
— Je suis lasse du confortable anglais, Marie ; ces gens-là recherchent trop leurs aises.
— Peut-être, mais nous les voyons à la retraite ou en vacances, ici. Il faudrait les voir au travail pour les juger. Ils ont gagné audacieusement ce qu’ils dépensent en rentiers égoïstes. Tenez, je suis entrée, hier, avec Dorothy, chez Mrs Milney… Vous voyez, là-bas, la belle villa de briques dont les cheminées sont blanches… et j’ai compris l’origine de ce luxe.
— La business, comme toujours…
— Oui, mais à Honolulu. Le petit salon est tapissé de belles aquarelles qui représentent les exploitations de la famille Milney. Le vieux Samuel, que nous voyons, chaque après-midi, partir avec son groom pour les terrains de golf, dépense dans le sport les restes d’une vigueur qui a résisté trente ans à la vie de planteur océanien ; deux de ses frères sont encore