Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/88

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— Platon l’avait dit pour les poètes, répliqua Fred Land : on peut le répéter pour les critiques de monsieur Keiromenos. Il y a des pays trop petits pour nourrir une littérature. La Grèce contemporaine en est un. Mais l’art en général, cher sir George, c’est la première force d’un État, avant l’armée, avant la marine, avant le commerce. Aucun État n’est tout à fait grand, s’il n’a reçu d’un art ses lettres de civilisation. Il y a des lords parmi les nations, sir George, et des baronnets, et des gentlemen, comme il y a des porteurs de fardeaux et des cokneys.

— Vous croyez au pouvoir des écrivains ?

— Si je n’y croyais pas, je ne serais pas l’un d’eux.

— Bien répondu ! Mais alors, pourquoi les attaquez-vous ? Pas un de nos romanciers, j’en suis sûr, n’a trouvé grâce devant vous.

— Parce que je les aime, sir George. Je les avertis, je leur donne de bons avis gratuits ; je suis le whip de leur corporation. D’ailleurs, je ne les critique pas tous. Vous exagérez mes mérites.

Plusieurs voix de femmes protestèrent. En riant, lady Breynolds jeta deux noms ; miss