Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/270

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« restai atterré par ce double malheur, et Pierre ton fiancé éprouva comme moi une douleur bien légitime. Nous arrivions en nous faisant une joie de vous surprendre, et lorsque nous frappâmes à la porte de la chaumière paternelle, une femme que je ne connaissais pas vint nous ouvrir en nous demandant ce que nous voulions et qui nous cherchions. Je lui dis qui j’étais, et la pauvre femme, sans préambule, m’annonça immédiatement la mort de notre vieux père et ton départ de Contrecœur. Je croyais rêver, mais on me dit de m’adresser chez le docteur du village qui saurait me donner tous les renseignements voulus. Ah ! chère sœur, le malheur t’a rudement éprouvée depuis un an, et je me demande comment, toi, pauvre fille, tu as pu résister aux coups d’une expérience aussi terrible. J’ai lu les lettres que tu avais déposées entre les mains du docteur, à mon adresse, et je me suis trouvé consolé par la certitude que tu avais bravement supporté ton malheur. Pierre, comme tu le sais déjà, est complètement réconcilié avec son père, et je me suis rendu moi-même à Lavaltrie où l’on m’a reçu avec toutes les démonstrations de la plus franche cordialité. Madame Montépel a grande hâte de te connaître et sois certaine que tu trouveras en elle une brave et digne femme