Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/44

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Les faucheurs, dès les premières lueurs de l’aube, prenaient la route des champs et se mettaient au travail avec une ardeur étonnante. Les faneuses suivaient en secouant et en éparpillant dans l’air, les brins odorants de l’herbe encore humide. Un bon faucheur était suivi de trois faneuses et garçons et filles trouvaient moyen d’égayer leurs rudes labeurs par des conversations joyeuses et des chants retentissants.

Vêtue d’une jupe en droguet bleu ; la taille serrée par un ceinturon de cuir noir ; les épaules cachées par le mantelet traditionnel de la paysanne canadienne ; la jambe couverte d’un bas bleu et le pied chaussé du soulier en cuir rouge ; coiffée d’un large chapeau de paille autour duquel elle a coquettement enroulé un joli ruban rouge, la faneuse canadienne est le type le plus parfait de la robuste fille des champs.

Simple et coquette tout à la fois, elle réussit bien souvent, à attirer l’attention du faucheur, et la fenaison, au Canada, a souvent produit des amours sincères et d’heureux mariages.

Quand arrive l’heure du midi et que le son de l’Angelus se fait entendre au loin sur l’humble clocher du village, faucheurs et faneuses se rassemblent au pied d’un sapin gigantesque ou d’un