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Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/45

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chêne séculaire pour prendre part, en commun, au dîner des travailleurs.

Ce repas consiste généralement de la soupe nationale, de viande, de légumes et de lait. On cause en mangeant ; chacun dit son mot, raconte son anecdote, invente son histoire. On s’étend sur l’herbe et pendant que les fillettes se racontent mutuellement leurs amourettes, les hommes allument la pipe et lancent vers le ciel, avec un air de contentement inexprimable, les bouffées d’une fumée bleuâtre et transparente.

Il est une heure de l’après-midi et la voix du maître fait retentir l’expression consacrée :

— Au travail ! mes enfants !

Les faucheurs font résonner l’air de leurs outils qu’ils affilent, par un mouvement vif de la pierre qu’ils passent et repassent sur la lame de leurs faux recourbées. Les faneuses reprennent leurs fourches légères et le mouvement du travail recommence.

D’immenses charrettes à ridelles et à limons transportent les foins de la prairie et les déposent, une fois séchés, dans les granges de la ferme. Les essieux crient, les conducteurs encouragent leurs chevaux de la voix, et la scène devient aussi vivante et aussi animée qu’elle était tranquille quelques instants auparavant.