Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/46

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Le soir, tout le personnel de la ferme se rassemble sur le bord du grand fleuve ; un musicien d’occasion fait entendre les sons plus ou moins harmonieux du violon, et en dépit du travail et de la fatigue du jour, les fillettes trouvent encore le temps et le courage d’inviter les faucheurs à une danse sur l’herbette.

La fenaison terminée, les foins sont chargés sur des bateaux et transportés à Montréal.

Parmi les nombreux gars des paroisses environnantes qui étaient venus à Lavaltrie pour offrir leurs bras au fermier Montépel, se trouvait Jules Girard du village de Contrecœur.

Jules Girard et sa sœur Jeanne, gracieuse fille de 16 ans, étaient arrivés un beau matin, à Lavaltrie, et avaient offert leurs services à M. Montépel. Le premier, qui avait besoin de bras, les mit à l’ouvrage immédiatement. Jules comme faucheur et Jeanne parmi les faneuses.

Le frère et la sœur paraissaient pensifs et troublés. Ils se tenaient à l’écart des autres moissonneurs, et les chansons joyeuses de leurs compagnons produisaient à peine un faible sourire sur leurs figures tristes et intelligentes.

Chaque soir, après le travail fini, Jules et Jeanne s’empressaient de se rendre au rivage et de s’em-