Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DRAMATIQUE SERIEUX. i23

sous ses yeax entre des citoyeus , il ne uianqueroit jamais de produire cet effet sur lui? car tel est l'ob- jet du genre honnête et sérieux. Si quelqu'un est assez barbare , assez classique pour oser soutenir la négative , il faut lui demander si ce qu'il enlend par Je mot drame ou pièce de théâtre, n'est pas le falileau fidèle des actions des hommes. Il faut lui lire les roraans de Richardson qui sont de vrais drames, de même que le drame est la conclusion et l'instant le. plus intéressant d'un roman quelcon- que. Il faut lui appiendre , s'il l'ignore , que plu- sieurs scènes de l'Enfant prodigue , Nanine tout entière , Mélanide , Génie , le Père de l-'amille, l'E- cossaise , le Philosophe sans le savoir , ont déjà fait connoître de qaelles beautés le genre sérieux est susceptible , et nous ont accoutumt^s à nous plaire à la peinture puissante d'un malheur domestique, d'autant plus louchante sur nos cœurs, qu'il semble uous menacer de plus prés. Effet qu'on ne jient ja- mais espérer au même degré de tous les grands ta- bleaux de la tragédie héroïque.

Avant que d'aller plus loin , j avertis que ce qui me reste à dire est élranger à nos fameux tragiques. Ils auroient également brillé dans toute autre car- rière; le génie naît de lui-même, il ne doit rien aux sujets , et s'applique à tous. Je disserte sur le fond Les choses , en respectant le mérite des auteurs. Je 'empare les genres , et ne discute point les talents. "i)ici donc mon assertion.

Il est de l'essence du genre sérieux d'offrir un intérêt plus pressant , une moralité plus directe que la tragédie héroïque, et plus profonde rjue la comé- die plaisante ; toutes choses égales d'ailleurs.

J'entends déjà mille voix s'élever, et crier à l'im- pie ; mais je demande pouc toute grâce qu'on m'é-

�� �