Ah ! qu’est-ce que je vois ?
Eh ! pardi, c’è-est madame.
Quoi ! c’était vous, comtesse ? (D’un ton suppliant.) Il n’y a qu’un pardon bien généreux…
Vous diriez Non, non, à ma place ; et moi, pour la troisième fois d’aujourd’hui, je l’accorde sans condition.
Moi aussi.
Moi aussi.
Moi aussi. Il y a de l’écho ici !
De l’écho ! — J’ai voulu ruser avec eux ; ils m’ont traité comme un enfant !
Ne le regrettez pas, monsieur le comte.
Une petite journée comme celle-ci forme bien un ambassadeur !
Ce billet fermé d’une épingle…
C’est madame qui l’avait dicté.
La réponse lui en est bien due.
Chacun aura ce qui lui appartient.
Encore une dot.
Et de trois. Celle-ci fut rude à arracher !
Comme notre mariage.
Et la jarretière de la mariée, l’aurons-je ?
La jarretière ? Elle était avec ses habits : la voilà.
Que celui qui la veut vienne me la disputer.
Pour un monsieur si chatouilleux, qu’avez-vous trouvé de gai à certain soufflet de tantôt ?
À moi, mon colonel ?
C’est sur ma joue qu’il l’a reçu : voilà comme les grands font justice !
C’est sur ta joue ? Ah ! ah ! ah ! qu’en dites-vous donc, ma chère comtesse ?
Ah ! oui, cher comte, et pour la vie, sans distraction, je vous le jure.
Et vous, don Brid’oison, votre avis maintenant ?
Su-ur tout ce que je vois, monsieur Le comte ?… Ma-a foi, pour moi, je-e ne sais que vous dire : voilà ma façon de penser.
Bien jugé !
J’étais pauvre, on me méprisait. J’ai montré quelque esprit, la haine est accourue. Une jolie femme et de la fortune…
Les cœurs vont te revenir en foule.
Est-il possible ?
Je les connais.
Ma femme et mon bien mis à part, tous me feront honneur et plaisir.
Triple dot, femme superbe,
Que de biens pour un époux !
D’un seigneur, d’un page imberbe,
Quelque sot serait jaloux.
Du latin d’un vieux proverbe,
L’homme adroit fait son parti.
Je le sais…
(Il chante.)
Gaudeant bene nati !
Non…
(Il chante :)
Gaudeant bene nanti !
Qu’un mari sa foi trahisse,
Il s’en vante, et chacun rit ;
Que sa femme ait un caprice,
S’il l’accuse, on la punit.
De cette absurde injustice
Faut-il dire le pourquoi ?
Les plus forts ont fait la loi. (Bis.)