Chut… Parlez plus bas. Ma maîtresse est chez elle : elle est incommodée.
Miss, miss, n’avez-vous plus rien à prendre dans les malles ?
Ah ! sans doute… Non, vous pouvez les emporter.
Scène II
Que cela t’arrive encore.
Voilà bien du bruit pour rien.
Scène III
Scène IV
J’ai beau rêver, je ne puis percer l’obscurité qui m’environne. Quand je cherche à me rassurer, tout m’accable… Personne dans le sein de qui répandre ma douleur… (Les valets viennent chercher la deuxième malle. Eugénie reste en silence tant qu’ils sont dans le salon.) Des valets à qui je n’ai plus même le droit de commander. Une seule démarche hasardée m’a mise à la merci de tout le monde… Ô ma mère ! c’est bien aujourd’hui que je dois vous pleurer ! (Elle se lève vivement.) C’est trop souffrir… Quand cet aveu me rendrait la plus malheureuse des femmes, je dirai tout à mon père. L’état le plus funeste est moins pénible que mon agitation… Mais les craintes de ma tante… ses défenses… Tout aujourd’hui doit céder au respect filial. Ah ! malheureuse ! c’était alors qu’il fallait penser ainsi. Dieux ! le voici !
Scène V
Tu es ressortie, mon enfant ; ton état m’inquiète.
Que lui dirai-je ?
Tes yeux sont rouges : tu as pleuré. Ma sœur t’aura sans doute…
Non, non, monsieur ; ses bontés et les vôtres seront toujours présentes à ma mémoire.
Ta tante prétend que je t’ai affligée tantôt. Je badinais avec le capitaine, et le tout pour la contrarier un moment ; car elle est engouée de ce milord, qui franchement est bien le plus mauvais sujet… Dés qu’on en dit un mot, elle vous saute aux yeux. Que nous importe qu’il se soit amusé d’une folle, et qu’il l’ait abandonnée ! Ce n’est pas la centième. On ferait peut-être mieux de ne pas rire de ces choses-là : mais lorsqu’elles n’intéressent personne, et que les détails en sont plaisants… C’est une drôle de femme avec son esprit. Au reste, si notre conversation t’a déplu, je t’en demande pardon, mon enfant.
Je suis hors de moi !
Viens, mon Eugénie, baise-moi. Tu es sage, toi, honnête, douce : tu mérites toute ma tendresse.
Mon père !…
Qu’as-tu, mon enfant ? Tu ne m’aimes plus du tout.
Ah ! mon père…
Qu’avez-vous donc, miss ? Je ne vous reconnais plus.
C’est moi…
Quoi ? c’est moi.
Vous la voyez…
Vous m’impatientez. Qu’est-ce que je vois ?
C’est moi… Le comte… Mon père…
C’est moi… Le comte… Mon père… Achevez : parlerez-vous ? (Eugénie se cache la tête entre les genoux de son père sans répondre.) Seriez-vous cette malheureuse ?
Je suis mariée..