en écoutant ce discours ; mais ce fut bien pis, lorsqu’il arriva dans la grande place, qui était devant son palais. Il vit Suliman sur un trône superbe, et tout le peuple qui lui souhaitait une longue vie, pour réparer tous les maux qu’avait faits son prédécesseur. Suliman fit signe de la main pour demander silence, et il dit au peuple : « J’ai accepté la couronne que vous m’avez offerte, mais c’est pour la conserver au prince Chéri : il n’est point mort, comme vous le croyez, une fée me l’a révélé ; et peut-être qu’un jour vous le reverrez vertueux, comme il était dans ses premières années. Hélas ! continua-t-il, en versant des larmes, les flatteurs l’avaient séduit. Je connaissais son cœur ; il était fait pour la vertu, et, sans les discours empoisonnés de ceux qui l’approchaient, il eût été votre père à tous. Détestez ses vices ; mais plaignez-le, et prions tous ensemble les dieux qu’ils nous le rendent : pour moi, je m’estimerais trop heureux d’arroser ce trône de mon sang, si je pouvais l’y
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