gardait. Cet homme était un brutal, et quoique le monstre fût fort doux, quand il était de mauvaise humeur, il le battait sans crime, ni raison. Un jour que cet homme s’était endormi, un tigre, qui avait rompu sa chaîne, se jeta sur lui pour le dévorer. D’abord Chéri sentit un mouvement de joie, de voir qu’il allait être délivré de son persécuteur ; mais aussitôt il condamna ce mouvement, et souhaita d’être libre. Je rendrais, dit-il, le bien pour le mal, en sauvant la vie de ce malheureux. À peine eut-il formé ce souhait, qu’il vit sa cage de fer ouverte : il s’élança aux côtés de cet homme, qui s’était réveillé, et qui se défendait contre le tigre. Le gardien se crut perdu, lorsqu’il vit le monstre, mais sa crainte fut bientôt changée en joie : ce monstre bienfaisant se jeta sur le tigre ; l’étrangla, et se coucha ensuite aux pieds de celui qu’il venait de sauver. Cet homme, pénétré de reconnaissance, voulut se baisser pour caresser le monstre, qui lui avait rendu
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