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Page:Beauvau - Souvenirs, éd. Standish, 1872.djvu/16

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VI INTRODUCTION.

Les gens du dix-huitième siècle n’étaient pas chimériques dans leurs visées, ils voulaient de fait ce que tout le monde souhaitait confusément.

Si Louis XV avait eu la notion de son devoir de chrétien et de roi, la réforme des abus, dont la noblesse et le clergé admettaient l’existence, et que les autres classes de la société supportaient impatiemment, se serait accomplie avec une lenteur salutaire. La royauté n’avait rien perdu de son pouvoir et de son prestige, les grands corps de l’Etat étaient sains, si ce n’est puissants, et le peuple aimait « d’amour tendre » le dernier rejeton d’une lignée longtemps glorieuse et prospère. Chef du mouvement, si l’on peut s’exprimer ainsi, le monarque pouvait alors enrayer au besoin la marche toujours trop rapide des esprits, affaiblir la lutte par des concessions graduées, prévenir les crises qui naissent de la compression à outrance ; le caractère de Louis XV fit obstacle aux destinées de la