Aller au contenu

Page:Beauvau - Souvenirs, éd. Standish, 1872.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION. IX

mour conjugal, il faut bien en convenir, était tombé en désuétude ; les mariages prématurés, contre lesquels s’élevait vainement la voix des plus célèbres orateurs chrétiens, devenaient de lourdes chaînes, souvent relâchées de part et d’autre par un commun accord , et la société ne tolérait que trop les engagements coupables qui en étaient la conséquence. Dans cet état presque général de moralité défaillante, le foyer domestique de M. et de Mme de Beauvau, si heureux et si pur, à travers les épreuves de trente années de vie conjugale, relevait et soutenait la vertu aux yeux du monde, en lui en offrant l’image à la fois fidèle et séduisante. On demandait à la jeune princesse de Poix, fille du maréchal de Beauvau, mariée à dix-sept ans, spirituelle et jolie, de ne point lire de romans. « Défendez -moi donc, répondit-elle, de voir mon père et ma mère. »

Ce mot ingénu caractérise la situation. La princesse de Poix avait en effet sous les yeux,