révolte, ah ! monsieur, vous me croyez donc bien lâche ?…
Saint-Preuil resta atterré.
— Et quel intérêt, reprit-il avec une lente douleur, pouvez-vous cependant porter, madame, à un malheureux tel que moi, à un calviniste, vous qui êtes catholique ?
— Vous vous trompez, monsieur, répondit-elle froidement, moi aussi je suis calviniste.
— Calviniste ! répéta Saint-Preuil étonné.
— Oui, mais je n’ai pas comme vous, monsieur, le malheur d’avoir renié ma première croyance je lutte ici, je combats, et si le ciel daignait m’éclairer…
— Vous me méprisez, madame, oui, vous me méprisez, reprit amèrement Saint-Preuil, oh ! je le vois bien.
— Je ne vous méprise pas, je vous plains, monsieur de Saint-Preuil. Vous sortez d’Amboise… oh ! ce nom suffit pour que ma pitié vous soit acquise. Que n’avez-vous pu, dans votre fuite, assurer celle d’un autre. Oh ! je vous aurais béni, j’aurais appelé sur vous toutes les grâces du ciel.
— Quel est donc cet homme à qui vous semblez porter, madame, un si étrange intérêt ?
— M. de Lauzun.
— M. de Lauzun ! répéta Saint-Preuil avec un geste de surprise.
— Oui, M. de Lauzun, continua-t-elle, M. de Lauzun que vous devez avoir connu.
Et en disant ces mots, elle avait plongé dans le regard da Saint-Preuil un regard d’agitation et de fièvre. SaintPreuil la considéra quelques secondes pendant lesquelles la dame semblait aspirer jusqu’à son souffle.
— Par grâce, reprit-elle, donnez-moi des nouvelles de M. de Lauzun.
La physionomie de Saint-Preuil revêtit tout à coup une teinte de sévérité et de mépris.
— Que je vous parle de ce débauché, de ce vicieux répondit-il, de cet homme que le roi lui-même…