Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
CHAPITRE XVII.

vraient revenir à ses héritiers légitimes, et non au prince ; mais ce n’est pas là-dessus que je m’appuierai pour désapprouver les confiscations.

Si quelques jurisconsultes ont soutenu qu’elles mettaient un frein aux vengeances des particuliers bannis, en leur ôtant la puissance de nuire, ils n’ont pas réfléchi qu’il ne suffit pas qu’une peine produise quelque bien pour être juste. Une peine n’est juste qu’autant qu’elle est nécessaire. Un législateur n’autorisera jamais une injustice utile, s’il veut prévenir les invasions de la tyrannie, qui veille sans cesse, qui séduit et abuse par le prétexte trompeur de quelques avantages momentanés, et qui fait languir, dans les larmes et dans la misère, un peuple dont elle prépare la ruine, pour répandre l’abondance et le bonheur sur un petit nombre d’hommes privilégiés.

L’usage des confiscations met continuellement à prix la tête du malheureux sans défense, et fait souffrir à l’innocent les châtimens réservés aux coupables. Bien plus, les confiscations peuvent faire de l’homme de bien un criminel, car elles le poussent au crime, en le réduisant à l’indigence et au désespoir.