Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/64

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lampes aromatiques y étaient allumés, même en plein jour. Four dissiper l’agréable ivresse que donnait ce lieu, on descendait dans un vaste jardin, où l’assemblage de toutes les fleurs faisait respirer un air suave et restaurant.

Dans le cinquième palais, nommé le Réduit de la Joie ou le Dangereux, se trouvaient plusieurs troupes de jeunes filles. Elles étaient belles et prévenantes comme les Houris, et jamais elles ne se lassaient de bien recevoir ceux que le Calife voulait admettre en leur compagnie.

Malgré toutes les voluptés où Vathek se plongeait, ce prince n’en était pas moins aimé de ses peuples. On croyait qu’un Souverain qui se livre au plaisir est pour le moins aussi propre à gouverner que celui qui s’en déclare l’ennemi. Mais son caractère ardent et inquiet ne lui permit pas d’en rester là. Du vivant de son père il avait tant étudié pour se désennuyer qu’il savait beaucoup ; il voulut enfin tout savoir, même les sciences qui n’existent pas.