Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/65

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Il aimait à disputer avec les savants ; mais il ne fallait pas qu’ils poussassent trop loin la contradiction. Aux uns il fermait la bouche par des présents ; ceux dont l’opiniâtreté résistait à sa libéralité étaient envoyés en prison pour calmer leur sang : remède qui souvent réussissait.

Vathek voulut aussi se mêler des querelles théologiques, et ce ne fut pas pour le parti généralement regardé comme orthodoxe qu’il se déclara. Il mit par là tous Les dévots contre lui : alors il les persécuta ; car à quelque prix que ce fût, il voulait toujours avoir raison.

Le grand Prophète Mahomet, dont les Califes sont les Vicaires, était indigné dans le septième ciel de la conduite irréligieuse d’un de ses successeurs. Laissons-le faire, disait-il aux génies qui sont toujours prêts à recevoir ses ordres : voyons où ira sa folie et son impiété ; s’il en fait trop, nous saurons bien le châtier. Aidez-lui à bâtir cette tour, qu’à l’imitation de Nimrod il a commencé d’élever ; non comme ce grand