Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/266

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bien à se marier. Il faut aller dans ce monde pour trouver autant de bâtards qui soutiennent la légitimité et autant de sacristains qui défendent la foi pour vivre de l’église.

LE BARON

Prenez garde, monsieur le baron, il y a deux sortes de traîtres, ceux qui abandonnent leur parti comme moi, et ceux qui le déshabillent, comme vous. Vous êtes encore jeûné, mon cher comte, intelligent, loyal, vous avez de la probité dans le caractère, il vous manque celle de l’esprit. Faites du feu avec votre arbre généalogique qui n’en impose plus qu’à votre valet de chambre ; jetez votre épée, le temps est passé des gloires sanglantes ; vos opinions ne sont ni bien sérieuses ni bien réfléchies, demandez-en de nouvelles à la philosophie et au progrès modernes. Je sais que l’étude et les travaux de la pensée exigent une vie paisible, une maison régulière, et vous vous plaignez de la légèreté des femmes de votre monde, mais n’avez-vous pas un devoir à remplir, tout en suivant le penchant de votre cœur ? Si l’amour n’était pas l’excuse de votre félonie, quelle excuse auriez-vous donc ? Les sentiments que vous avez inspirés à mademoiselle de la Roseraye sont aussi profonds que sincères, je m’en porte garant ; son éducation est parfaite, sa beauté accomplie…

LE COMTE

N’achevez pas, vous perdez votre peine. Misanthrope et x