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LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ RESTREINT

riance est le fait qu’elles ne changent pas dans le cours de l’année, malgré le changement du système de référence, la terre changeant de direction sur son orbite.

Au contraire, nous n’avons aucune raison de considérer les lois de la mécanique comme exactes ; elles peuvent paraître valables dans les phénomènes ordinaires, trop grossiers pour qu’une discordance se révèle, mais dès qu’il s’agit de phénomènes comportant, comme l’expérience de Michelson, une vérification d’une haute précision, le désaccord apparaît.

Ainsi, le résultat de Michelson, l’échec de toutes les tentatives faites pour révéler le mouvement absolu de la terre, tiennent à des causes profondes, qu’on n’avait pas soupçonnées dans les débuts de la théorie électromagnétique, mais qu’on s’explique aujourd’hui. Il faut renoncer à considérer les lois de la mécanique classique comme des lois rigoureuses ; il faut soumettre la mécanique aux lois de l’électromagnétisme, en appliquant à tous les phénomènes les formules de transformation d’espace et de temps du groupe de Lorentz. Les lois classiques deviennent alors des approximations, d’ailleurs excellentes dans la plupart des cas : on remarque, en effet, que si la vitesse de la lumière était infinie, on aurait les formules de Galilée. Or la vitesse de la lumière est très grande, et tant que le carré de la vitesse des corps (vitesse par rapport à l’observateur) peut être négligé vis-à-vis du carré de la vitesse de la lumière, on peut se servir de la mécanique habituelle.

On voit, par cette dernière remarque, que le désaccord entre la mécanique newtonienne et l’électromagnétisme est un aspect du conflit profond qui a dominé la physique jusqu’à l’époque actuelle : le conflit entre la théorie des actions à distance instantanées admise en mécanique céleste jus-