Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trente milliers de griffons sont là, qui tous contre les Français … (?) Et les Français crient : « Charlemagne, à notre aide ! » Le roi est ému de douleur et de pitié ; il y veut aller, mais il est empêché. D’une forêt vient contre lui un grand lion, plein de rage, d’orgueil et de hardiesse. Le lion s’en prend à sa personne même et l’attaque : tous deux pour lutter se prennent corps à corps. Mais Charles ne sait qui est dessus, qui est dessous. L’empereur ne s’est pas réveillé.

CLXXXVI

Après cette vision, une autre lui vint : qu’il était en France, à Aix, sur un perron, et tenait un ours enchaîné par deux chaînes. Du côté de l’Ardenne il voyait venir trente ours. Chacun parlait comme un homme. Ils lui disaient : « Sire, rendez-le nous ! Il n’est pas juste que vous le reteniez plus longtemps. Il est notre parent, nous lui devons notre secours. » De son palais accourt un lévrier. Sur l’herbe verte, au-delà des autres, il attaque l’ours le plus grand. Là le roi regarde un merveilleux combat. Mais il ne sait qui vainc, qui est vaincu. Voilà ce que l’ange de Dieu a montré au baron. Charles dort jusqu’au lendemain, au jour clair.