Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/303

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maléfice ni sortilège. Le roi croit en Dieu, il veut faire son service ; et ses évêques bénissent les eaux. On mène les païens jusqu’au baptistère ; s’il en est un qui résiste à Charles, le roi le fait pendre ou brûler ou tuer par le fer. Bien plus de cent mille sont baptisés vrais chrétiens, mais non la reine. Elle sera menée en douce France, captive : le roi veut qu’elle se convertisse par amour.

CCLXVII

LA nuit passe, le jour se lève clair. Dans les tours de Saragosse Charles met une garnison. Il y laissa mille chevaliers bien éprouvés : ils gardent la ville au nom de l’empereur. Le roi monte à cheval ; ainsi font tous ses hommes et Bramidoine, qu’il emmène captive ; mais il ne veut rien lui faire, que du bien. Ils s’en retournent, pleins de joie et de fierté. Ils occupent Nerbone de vive force et passent. Charles parvient à Bordeaux, la cité renommée (?) : sur l’autel du baron saint Seurin, il dépose l’olifant, rempli d’or et de mangons ; les pèlerins qui vont là l’y voient encore. Il passe la Gironde sur les grandes nefs qu’il y trouve. Jusqu’à Blaye il a conduit son neveu, et Olivier, son noble compagnon, et l’archevêque, qui fut sage et preux. En de blancs cercueils il fait mettre les trois seigneurs, à Saint-