Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/311

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envoyé comme messager au roi Marsile : par mon adresse, je parvins à me sauver. Je défiai le preux Roland et Olivier, et tous leurs compagnons. Charles et ses nobles barons entendirent mon défi. Je me suis vengé, mais ce ne fut pas trahison. » Les Francs répondent : « Nous irons en tenir conseil. »

CCLXXIV

GANELON voit que commence son grand plaid. Trente de ses parents sont assemblés. Il en est un à qui s’en remettent les autres, c’est Pinabel, du château de Sorence. Il sait bien parler et dire ses raisons comme il convient. Il est vaillant, quand il s’agit de défendre ses armes. Ganelon lui dit : « Ami… reprenez-moi à la mort et à la honte ! » Pinabel dit : « Bientôt vous serez sauvé. S’il se trouve un Français pour juger que vous devez être pendu, que l’empereur nous mette aux prises tous deux, corps contre corps : mon épée d’acier lui donnera le démenti. » Ganelon le comte s’incline à ses pieds.

CCLXXV

BAVAROIS et Saxons sont entrés en conseil, et les Poitevins, les Normands, les Français. Allemands et Thiois sont là en nombre ; ceux d’Auvergne y sont les plus courtois. Ils baissent le ton à cause de Pinabel. L’un dit à l’autre : « Il convient d’en rester là. Laissons le plaid, et prions